Des jeunes et des lettres

Antigone / Athénée

   

Découverte d’un nouveau théâtre à l’italienne !

L’Antigone mise en scène par Lucie Berelowitsch est contemporaine, ukrainienne et jouée par des comédiens ukrainiens (le  comédien français Thibaut Lacroix jouant Tirésias fait exception) qu’accompagne le groupe de musiciennes et chanteuses les Dakh Daugthers que la metteure en scène a rencontrées dans leur théâtre à Kiev.

Décor surchargé mêlant des éléments de tout temps à des objets connectés, lumière sombre, parfois rouge, costumes sans âge : autant d’effets pour traverser le temps et l’espace et faire d’Antigone l’égérie de la révolte. Toutefois, le choix des artistes ukrainiennes – excellents musiciennes et chanteuses formant un chœur aux accents gutturaux de la révolte – et celui de donner le texte à entendre en russe et en ukrainien placent clairement la pièce dans le contexte du conflit entre l’Ukraine et la Russie de Poutine (Créon est d’ailleurs le seul personnage à parler russe… Dommage que les surtitres ne fassent pas la différence, enlevant ainsi une part de sens au spectacle ! Heureusement qu’une jeune de notre groupe, originaire d’Ukraine, nous a éclairés…). Par ailleurs, l’apport du texte de B.Brecht terminant celui de Sophocle par un nouveau conflit inscrit nettement cette histoire universelle dans un contexte historique.

Lire une interview de Lucie Berelowitsch

 

A l’issue du spectacle, échange sur la mezzanine du théâtre entre les jeunes et les accompagnateurs de DJL qui a permis de partager des ressentis et d’expliciter certains points. Le spectacle a dérouté certains mais il a globalement été apprécié, notamment le chœur des Dakh Daugthers

Retour de jeunes…

Une représentation d’Antigone crue, chaotique et onirique qui se démarque !

Lucie Berelowitsch, mêlant les textes de Sophocle et de Brecht, décide de monter la pièce en russe et en ukrainien en référence au conflit entre l’Ukraine et la Russie de Poutine . Elle collabore aussi avec des musiciennes ukrainiennes engagées: les Dakh Daughters.
Antigone est la fille du Roi Œdipe. Après le suicide de sa mère et l’exil de son père, ses frères,  Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Tandis que le corps d’Etéocle est enterré dignement, le cadavre de Polynice est laissé à la surface pour pourrir au soleil. Contrairement à sa sœur Ismène , qui croque la vie à pleine dents, Antigone n’arrive pas à être heureuse et à accepter le sort réservé à Polynice. Elle défie donc l’autorité de Créon, son oncle, le Roi de Thèbes aveuglé par le pouvoir, pour enterrer son frère afin que son âme rejoigne les Enfers . Par leurs conflits, Créon et Antigone condamnent tous ceux qui les entourent à un destin tragique.
La cruauté et le sordide de l’histoire sont vraiment explicités par une mise en scène non-conventionnelle et l’interprétation des personnages qui sont pour la plupart endurcis voir dépravés. Antigone est particulièrement bien réussie car elle change de la petite fille frêle et capricieuse qu’on a l’habitude de voir dans des représentations plus classique. L’actrice incarne très bien son rôle et dégage beaucoup de puissance et de maturité.
La mise en scène est extrêmement chargée, changeante et rythmée et suit plein de voies à la fois. Parmi les centaines de détails différents, tous peuvent être interprétés et apporter du sens à la narration, aux personnages ou au décor. Le spectacle est bourré d’idées intéressantes et judicieuses mais le tout s’empile un peu comme une masse sans forme (mais non sans consistance!) et c’est presque impossible de remarquer tout ce qu’essaye de dire la mise en scène. Il y faut aussi lire des sous-titres et c’est par conséquent assez difficile de suivre l’intrigue. Heureusement, Les excellentes Dakh Daughters dans leurs rôles de chœur arrivent à structurer la pièce pour le spectateur par leurs chansons.

Bien que cela ne soit pas pratique d’un point de vue technique, la sensation que donne ce désordre très construit et riche en symbolisme est en fait ce que j’ai préféré. Elle ajoute une impression de rêver très captivante . Au final, c’est en partie ce chaos et cette incompréhension qui est ressentie qui font que cette représentation d’Antigone se démarque des autres.

De l’originalité, de très bons acteurs et de la très bonne musique: c’est une vraie réussite de Lucie Berelowitsch.
Céleste G.

Une puissante et touchante Antigone à l’Athénée.
Cette pièce écrite par Sophocle à été adaptée et mise en scène par Lucie Berelowitsch au théâtre de l’Athénée.
Antigone est une jeune femme qui s’oppose à la décision de son oncle et roi, Créon sur son vouloir de n’enterrer qu’un seul de ses frères (Étéocle) qui se sont entretués pour le pouvoir. Elle devient alors une figure de résistance et parvient tout de même à faire donner à son frère, Polynice son droit de mort, en échange de sa propre vie.
Cette tragédie de Sophocle, Lucie Berelowitsch la présente avec un roi Créon qui parle russe et les autres personnages, ukrainien. Le décor et la mise en scène sont tout juste magnifiques. Cependant, le vrai point fort de cette adaptation réside pour ma part dans le choix de présenter un choeur à la musique puissante et intense qui apporte un nouvel éclat à la pièce et à son texte tout autant que le jeu des lumières qui est réalisé. La metteure en scène est parvenue selon moi à remettre cette pièce dans un contexte moderne sans en détourner le sens. De plus l’interprétation des comédiens, en particulier celle de celui qui jouait Créon, était très expressive. J’émettrais une unique réserve sur la partie de Tirésias qui était majoritairement en français sans qu’il y ait pour moi de raison apparente.
Un texte incroyable sublimé d’une mise en scène aussi complexe qu’exceptionnelle ! À voir à tout prix !

Maryam H.