Texte : Enzo Cormann / MES : Amélie Hennes
Critique par Méziane I. (Tremplin 2)
Berlin, ton danseur est la mort, d’Enzo Corman, mise en scène par Amélie Hennes et présentée par la compagnie théâtrale Les Attentives, cela au théâtre de l’Épée de Bois.
Une tempête, l’océan qui s’élève n’est autre que l’Histoire, et les naufragés les Hommes qui la subissent. Souffrance, déformation, mutilation de toute une génération détruite par son propre monde. Les survivants tentent tant bien que mal de recomposer leurs visages brisés. Les passions humaines, que ce soit la débauche ou la sensibilité, se mêlent en un ballet de fous accompagnées d’un saxophone, d’un violon et d’un piano. Théâtre, danse, chant et musique ; une œuvre pluridisciplinaire dont l’énergie ne décroit jamais, de la première à la dernière minute.
Des acteurs qui transfigurent leur rôle, pris d’un élan inépuisable et multipliant les visages d’un extrême à l’autre : on ne sait si ce que l’on voit nous brûle, de par la violence qui resurgit à chaque tournant, ou nous glace, de par ces souffrances muettes dont l’écho se perd dans l’incompréhension des autres. Cette même violence, fille de la destruction de l’individu par sa société, ravage tout, de la morale des Hommes aux corps de ces derniers. Le quatrième mur se brise sans cesse, les spectateurs se mêlent aux acteurs et aux personnages : on assiste tous à l’avènement du IIIe Reich, impuissant ou pris dans un mouvement qui nous dépasse largement.
Lorsque la Révolte est réprimée, ou trouvée l’Espoir ? Dans l’amour et la fraternité, deux lueurs fragiles qui tentent tant bien que mal de paraître malgré l’horreur et la désolation. Berlin, ton danseur est la mort touche l’universel et l’intemporel par son profond appel humaniste, ses réflexions sur la question du choix, sur la nécessité de la mémoire et le poids de la vérité.
Une œuvre fulgurante qui nous rappelle que le théâtre est un lieu de réflexion, cela allant de la nature humaine aux mouvements du monde et de l’Histoire.
Critique de Sabah A.
Berlin, ton danseur est la mort d’Enzo Cormann et mis en scène par Amélie Hennes raconte l’histoire d’une chanteuse de cabaret au début des années 1930 à Berlin. Peu à peu l’atmosphère burlesque du cabaret se mêle à la terreur nazie qui se propage toujours plus…
En alliant danse, chant, et musique dans une ambiance aux airs de Rocky Horror Picture Show, le spectateur est plongé dans un univers burlesque et fascinant qui se dégrade au fur-et-à-mesure de la montée du nazisme. La présence de musiciens, les costumes érotiques et abîmés, et l’étrangeté du jeu et des danses des acteurs sont en parfait accord avec l’ambiance morbide recherchée.
Cependant, le jeu d’acteur est assez fluctuant. D’une part certains textes sont énoncés avec une véritable émotion et les comédiens parviennent à toucher fortement le spectateur. D’autre part, la danse et le chant sont peu maîtrisés et on ressent quelque fois un manque de subtilité dans la parole et la gestuelle. L’interaction avec le public est artificielle et n’est pas cohérente au reste de la mise en scène.
Parler du nazisme à travers les yeux d’une danseuse allemande est un aspect original qui permet d’ouvrir le regard et d’en apprendre plus sur un sujet que l’on connaît déjà. On s’aperçoit de l’ambivalence d’un personnage qui défend des valeurs et qui va à leur encontre afin de survivre. Néanmoins, grâce à la force du texte et du jeu de la comédienne, le spectateur ne se permet pas de juger et ressent de l’empathie pour le personnage.
Un spectacle touchant qui permet d’approfondir une époque de l’histoire.
Pour suivre toute l’actualité théâtrale DJL : http://jeunes-lettres.org/blog/