Les analphabètes au TGP jusqu’au 24 février

Les analphabètes au TGP jusqu’au 24 février

 Vu par Alia Y. et Maya R.

D’après Scènes de la vie conjugale d’.I.Bergman  Spectacle du Balagan’retrouvé

Un piano couché sur des chaises, une batterie, une guitare, un archet, le tout étant relié par des cordes et ficelles. Un musicien chanteur rythmant le cours de la pièce de ses différents morceaux traduisant, à chaque fois, différentes émotions et ambiances.
Une espèce d’explosion, un chaos total pour passer au deuxième tableau.
Une guitare plutôt mélancolique pour le troisième tableau.
La même guitare mais cette fois, apaisante pour le quatrième tableau et pour finir, une guitare que je qualifierais de « criarde » entre le doux et le sauvage pour nous faire entrer dans la dernière scène.
L’histoire? Yohan et Marianne nous racontent comment ils se sont rencontrés et comment ils ont fait pour en arriver à 12 ans de mariage et de vie commune. Un couple heureux et amoureux nous renvoyant une image parfaite. Jusqu’au jour où Yohan décide de s’en aller avec sa maîtresse, plus jeune et laisser derrière lui sans aucune hésitation, deux filles, une femme, des amis et une famille.
Deux personnages antagonistes.  Lui, un mari infidèle, hautain, colérique, imbu de lui-même, manipulateur et avare. Elle, une épouse aimante, douce, dévouée, généreuse, naïve, innocente et voulant le bien de tous.
Une ambiance de tension durant la pièce et beaucoup de peine pour Marianne, qui subit les changements d’émotions de son (ex) mari (ne veut plus d’elle, revient pour profiter de sa docilité puis repart pour revenir, ne voulant pas divorcer officiellement et finalement la frapper). Des changements brusques d’émotions très bien transmis par les comédiens faisant en sorte que nous soyons directement plongés dans la déchirure du couple à en avoir, pour ma part, les larmes aux yeux quand à la situation de Marianne.
Un texte simple, tiré de plusieurs pièces différentes menant à une certaine improvisation des deux comédiens qui nous ont donné l’impression d’avoir un texte écrit de bout à bout par le même auteur.

L’histoire de la pièce est simple: la déchirure d’un couple menant à une folie. Cependant un suspense a su être tenu tout du long. Une très bonne pièce, une très très bonne interprétation de la part des comédiens et un chant tout simplement magnifique de la part du musicien ont fait de cette représentation en apparence simple, quelque chose de réellement construit et complet.
Alia Y.

Dans ce spectacle le groupe Balagan’ nous présente la vie sentimentale, mais surtout conjugale de Marianne et Yohan inspirée par le grand réalisateur, producteur suédois Ingmar Bergman.

Cette scène intime brodée de bois est partagée par les acteurs complices Lionel González et Gina Calinoiu mais aussi le musicien Thibault Perriard qui vient adoucir avec sa voix précise, travaillée et sensible, toute cette ambiance fluctuante et accablante du couple qui se perd et se retrouve.
Sur la scène est suspendue un piano à l’envers et des cordes accrochés au plafond qui s’étalent dans tous les sens, une batterie, une guitare sèche et des cordes que Thibault Perriard joue, tous en même temps : cacophonie, en formant un bazar de sons désagréables comme promotion du chaos qui s’approche et s’abat sur ce couple qui semblait si sain : c’est la première rupture. Yohan annonce à Marianne qu’il est tombé amoureux d’une autre, et s’en va le lendemain, vivre avec elle pour une durée indéterminée. Indignation de Marianne indignée ! On se trouve nez a nez face au pires états de deux personnages atypiques. Avec des touches d’humour, d’exagération et de folie, ils nous représentent un homme indécis à la limite d’être hautin, intéressé et une femme charmante qui s’intéresse comme une enfant, peut être un peu trop. Toute notre compassion se dirige vers elle. Les scènes sont douloureuses, le temps est confus. Tiraillés entre les rires, les cris et les pleurs, Yohan et Marianne forment un duo captivant. Ils sont incapables de parler d’amour, d’exprimer leur sentiments, ce qui fait d’eux » »les analphabète » comme son titre nous le dit. Ce n’est qu’à la fin qu’ils se retrouvent, et posent des mots sur leur amour tordu que le temps a pardonné. On termine sur une note juste et douce de guitare et de chant qui calme toutes ces ardeurs.

C’est une théâtralisation d’un amour devenu routine, de mesures extrêmes qui nous intriguent. C’est à notre tour de prendre conscience des analphabètes que nous sommes trop souvent, comme Marianne et Yohan.
Maya Rigou

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