I am Europe à l’ODEON jusqu’au 9 octobre

I am Europe à l’ODEON jusqu’au 9 octobre

 © Jean-Louis Fernandez

Vu par Roman BS. et Ariadna G.
Texte et mes Falk Richter

« Qui sommes nous ? Où allons nous ? Qu’est ce que l’Europe ? Qu’est-ce que qu’être Français, Allemand, Portugais, Croate, Italien, Arabe ? Qu’est ce qu’être européen ? La pièce de Falk Richter  I am Europe prend le parti ambitieux de parler d’Europe en parlant de soi-même, de questionner la catastrophe écologique, la crise des gilets jaunes, le brexit, l’immigration ou encore la montée des fascismes d’un point de vue à la fois personnel et intime. Une réussite !
Entre les flashs d’actualité diffusés par les télévisions sur une scène épurée à l’extrême, une polyphonie de voix, de langues et de témoignages se dessinent, s’opposent et se superposent.
La puissance des textes émeut, on se reconnaît tous un peu chacun quelque part dans ces parcours ni complètement fictifs ni complètement autobiographiques mettant en lumière l’histoire de cette troupe d’artistes internationaux.
S’exprimant en français, anglais, arabe, italien, portugais ou encore croate, ils nous font part par la beauté de leur langue et la puissance de leur parcours souvent compliqués leur idée de l’Europe.
Ainsi, incarnée par l’excellence du jeu des comédiens, l’Europe n’apparaît plus comme un simple rassemblement de nations mais comme une diversité d’individus. L’ Europe c’est ici à la fois un jeune homme gay immigré portugais, une croate ayant vécu la guerre de Yougoslavie ou encore une jeune Marocaine ayant grandi en banlieue.
La richesse de la mise en scène se trouve également dans la pluralité des expressions. La danse occupe une place importante dans le propos: c’est l’expression même du corps intime qui s’exprime. La musique elle aussi n’est pas mise de côté: chants révolutionnaires et hits de la pop s’élèvent alors comme un héritage commun, celui de la culture et histoire européenne.
Une questionnement s’opère alors: sur nous même, notre histoire et notre place dans cette Europe complexe et protéiforme.
Falk Richter nous présente ici une pièce riche, puissante et sincère nous délivrant les contradictions d’une identité européenne au sens large non sans une bonne dose d’humour.
A voir absolument !
Ariadna G.

I am Europe, au théâtre de l’Odéon, créée par Falk Richter, est plus que la simple pièce de théâtre au discours moralisateur sur l’Europe que l’on aurait pu attendre si l’on s’était contenté de lire le programme. Ici, pas de grande leçon de morale sur ce qu’est l’Europe ou ce qu’elle devrait être, mais des histoires personnelles qui sont autant de pistes de réflexion sur l’UE ainsi que sur nos rapports sociaux.

On pourrait, certes, reprocher à cette pièce d’être parfois un peu longue, de casser le rythme frénétique apposé par la danse, les vidéos qui tournent en arrière-plan, le chant, et, cela étonnera peut-être, le rap, qui font partie intégrante de cette mise en scène. Mais, après tout, réfléchir c’est aussi prendre le temps, alors oublions ces quelques minutes d’ennui que certains ressentiront peut-être, et jetons-nous à l’eau. La scène représente un extérieur, un jardin peut être, dans lequel sont plantés, çà et là, trois écrans de projection, une table digne d’un grand designer, des tabourets qu’on croirait sortis de la dernière collection Ikea, de la fausse pelouse, et une dizaine de coussins en forme de pavés sous lesquels, à défaut de trouver la plage, on voit un parquet vert qui fait penser à l’herbe dont parlent les comédiens. Celle qui pousse, pousse, pousse sans s’arrêter et qui prend la place des fleurs qui ne peuvent plus pousser dans nos clairières made in Monsanto.

Les différentes langues parlées sur scène (le français reste cependant la principale) permettent de rester toujours à l’écoute et demandent une oreille attentive si l’on veut les comprendre. Mais les spectateurs ne parlant que le français pourront toujours lire les surtitres en se laissant bercer par l’anglais, l’arabe, le hollandais et l’allemand. Les comédiens ont un regard sur eux-mêmes assez agréable, ils savent de quoi ils sont capables de parler justement et ne se permettent pas de prendre la parole pour juger des situations qu’ils connaissent trop peu. Ils parlent avec humour de certains sujets et cela détend. La critique de l’Europe qu’ils font est basée sur leurs histoires et l’actualité, qu’ils commentent sans trop s’étendre en débats interminables.

En résumé, une pièce reposante et agréable qui critique et dénonce avec humour et sans délation aucune. Je recommande fortement.
Roman BS.

Laisser un commentaire