Le silence et la peur au théâtre des quartiers d’Ivry jusqu’au 8 mars

Le silence et la peur au théâtre des quartiers d’Ivry jusqu’au 8 mars

texte et mise en scène de David Geselson

Vu par Emma L.

Pièce militante : la vie de Nina Simone contée.

David Geselson nous présente ici la pièce « Le Silence et La Peur »; autrement dit un condensé des moments forts de la vie de Nina Simone, chanteuse de jazz reconnue, et ceci, sous forme théâtrale. Le metteur en scène revient donc sur ses amours, sa vie familiale et sa grande carrière. Il se concentre notamment sur son côté militant, pour les droits civiques des noirs américains, qui la suivra tout au long de sa vie. En tant que spectatrice, j’ai été transportée dans la vie d’une personnalité que je connaissais peu mais qui m’a plus que touchée grâce au jeu admirable des comédiens en particulier celui d’Elios Noël. En jouant un passionné d’histoire simpliste, Elios Noël apporte une pointe d’humour à une pièce profondément sérieuse de par les sujets qu’elle aborde. Les décors sont constitués essentiellement de murs qui bougent. Ils arrivent, par quelques mouvements, à changer toute la disposition de la scène permettant ainsi de projeter des images du mouvement afro-américain sur un fond de musique stridente. Ces murs qui d’ailleurs permettent de laisser place aux sous-titres français lorsque les comédiens anglophones jouent. Ce détail qui peut en déranger certains ne l’a pas été pour moi ayant déjà connaissance de la langue. Le discours plus que poignant de Nina Simone (interprétée par l’américaine Dee Beasnael) sur l’histoire de ses ancêtres et de sa propre expérience laisse place à un silence lourd qui prend tout son sens. Je retiens spécifiquement, car répétée à plusieurs reprises, cette phrase prononcée par la chanteuse : « La liberté c’est de ne pas avoir peur ». Peur quotidienne et oppressive que pouvaient (et peuvent encore) ressentir les Noirs.

Une pièce, à mon sens, indispensable à voir pour ne jamais oublier l’horreur de l’esclavage et de la colonisation.

Vu par Serena F.

Au sein d’une parcelle de terre, la lutte anti-ségrégationniste d’une chanteuse engagée.

La pièce Le silence et la peur, de David Geselson, nous rappelle que le combat pour la justice, l’égalité et la liberté se tient toujours.
Sur scène sont présentes 5 chaises, une par personnages sur lesquelles chacun est installé initialement. Un piano perdu dans un coin, comme la carrière de pianiste stoppée de Nina Simone, de son nom de naissance Eunice Kathleen Waymon. Un simple canapé, une table et un décor dont les murs sont déplacés formant à chaque fois un nouveau lieu. Mais surtout un cercle de terre à même le centre de la scène. Nous est contée la vie de la célèbre activiste des droits civiques, Nina Simone. Le metteur en scène met en place une chorégraphie entre son enfance et ses engagements envers sa communauté, aidée par Muriel et son mari Jean-Louis, accompagnée par son compagnon et agent Andy et son père. On découvre lors de ces 2h une vie si dense et extraordinaire à ne pouvoir être résumée.
Les costumes sont assez sobres et seule Nina se change dans la pièce. Dans les éléments de scénographie, la terre était un symbole important, je l’ai liée à la terre d’origine de la chanteuse qu’elle désirait ardemment découvrir, étant toujours à son centre, comme si le reste du monde tournait autour de ses racines. J’ai aussi très apprécié les effets de lumières, notamment la projection de corps humains, correspondant aux esclaves mis à nu et ancêtres de Nina, et, pour les appuyer, les discours du symbolique Martin Luther King et les archives de manifestations étaient très percutants accompagnés de sons plus que dérangeants par leurs hautes sonorités et ma place au 2ème rang… La mise en scène de sa folie, de la perte de ses sens est assez touchante. Je pense avant tout à la mort qu’elle sentait depuis bien longtemps déjà, avec ce « chien noir » la suivant partout. Le moment qui m’a le plus émerveillé est un des derniers. Dans celui-ci Nina Simone est seule, elle a enfin la liberté de pouvoir entièrement s’exprimer sans obstacles. Elle utilise alors 3 langues (l’anglais, le français et le bajan peut être) Moment très rythmé et fort par le message qu’il fait passer.

Un spectacle retraçant différemment la vie de la légende Nina Simone, tant adapté au théâtre déjà, dont la lutte n’est toujours pas terminée, à voir avec attention.

Vu par Vinh N.

La pièce prend son inspiration directement de l’histoire américaine : la colonisation, la ségrégation. La pièce se déroule autour de Nina Simone, une chanteuse engagée connue à l’internationale. Le metteur en scène, David Geselon, nous propulse dans l’Amérique ségrégationniste avec des acteurs et des actrices parlant des langues différentes.

D’abord, les sauts dans le temps présent au cours de l’histoire sont confus pour les spectateurs, ils nous perdent souvent dans le temps et le lieu de la scène. Néanmoins, le message que le metteur en scène souhaite passer est facilement compris. De plus, au fil de l’intrigue, on découvre de plus en plus des caractères de Nina, le personnage principal. Sa situation devient plus apparente et ses problèmes plus actuels. Enfin, elle dénonce ses craintes du monde dans lequel elle vit.

La pièce révèle et évoque beaucoup d’émotions fortes aux spectateurs. Cette pièce est un passage reliant le monde du passé et les gens d’aujourd’hui.

Vu par Diego G.

Un spectacle très original qui surprend !

Nous sommes plongés dans l’Amérique ségrégationniste. On distingue deux intrigues parallèles : la jeunesse de ce qui sera la future Nina Simone et sa route vers la célébrité se mêle à la lutte pour l’émancipation du noir américain et à des réflexions nombreuses sur les conséquences du colonialisme. Ce qui fait l’intérêt de la pièce est cette diversité des thèmes abordés, mais également sa mise en scène, qui m’a paru très audacieuse.
Décor raffiné, beaux canapés, beaux fauteuils, piano ancien, décor un peu « vieillo » avec des comédiens plongés dans la pénombre. Je m’attendais, étant donné le titre de la pièce, le décor, et la disposition des acteurs à une simulation de film d’horreur. Et bien détrompez vous ! Détrompez vous sur tous les points car la pièce n’est pas en français. Laure Mathis, la professeur de piano de  Nina mais aussi sa mère adoptive, ouvre les rideaux en français. Mais tout le reste de la pièce se déroule principalement en anglais, ce qui permet au spectateur de se voir plongé réellement au cœur du théâtre de la ségrégation.
La pièce mêle lyrisme, tensions et comique, tout trois permettant de créer une œuvre très diversifiée et très relevée.  S’enchaînent querelles entre Nina adolescente et sa mère adoptive et réflexion philosophique du vrai père de Nina, de son espoir en une vie meilleure dans une Amérique raciste, et de la nécessité à toujours combattre aux côtés de son peuple, sans jamais le renier.
Les décors de la pièce permettent de créer une certaine fluidité. Ce sont les comédiens qui les déplacent , font coulisser les murs. Ainsi, tout s’enchaîne, tout se métamorphose sans même que le spectateur ne s’en rende compte, un peu à la manière d’un film. Les comédiens, aussi, ont permis de donner à cet art dramatique une part de cinéma. Même si tous sont de très bons acteurs, une actrice m’a particulièrement marquée: Dee Beasnael dans le rôle de Nina. Elle a su jouer les étapes de la vie de la chanteuse qu’elle incarne avec une extrême finesse. Alors qu’elle fête son anniversaire en famille, elle montre les passions dangereuses qui ravagent une adolescente offensée de manger des huîtres pour ses 15 ans. C’est durant cette scène, notamment, que j’ai eu l’impression de regarder un film.
Enfin, la projection d’image et de vidéos de noirs américains luttant pour leur liberté me semble être un élément non-négligeable. Ces images, parfois choquantes, mêlées à une musique oppressante permettent de créer des scènes véritablement suffocantes, qui souvent mettent le spectateur mal à l’aise.
Dommage, mais j’ai trouvé la fin de la pièce un peu longue. Trop de réflexions philosophiques, et références à la mythologique grecque selon moi.

Ainsi, c’est une œuvre enrichissante, tant sur le plan culturel que linguistique, qui vaut largement le détour.

Vu par Giacomo B.

David Geselson retrace la vie de Nina Simone, incarnée par la rayonnante figure de l’états-unienne Dee Beasnael, qui explore l’intimité de la chanteuse ainsi que son engagement politique à travers sa relation à l’histoire coloniale. En effet, elle raconte les débuts prodigieux au piano de la femme afro-amérindienne, qui dès l’âge de 4 ans jouait aux offices dans l’église de sa mère, ainsi que son premier amour. Ensuite, elle revit sa carrière tourmentée durant laquelle Nina est écartelée entre le succès, ses difficiles relations familiales et conjugales et sa lutte contre la ségrégation et le racisme, qui la plongeront dans la peur et la dépression. L’osmose des 5 comédiens francophones et anglophones est sublimée par un décor assombri, sobre et moderne  où ceux-ci foulent un sol recouvert des cendres des Africains, des Amérindiens et des morts pour l’égalité et l’émancipation des esclaves. La musique joue de toute évidence un rôle crucial à travers l’oeuvre, entre des airs de piano au second plan et le chant d’une chanson de Nina par la protagoniste. De plus, des sons angoissants installent une atmosphère anxiogène et pesante lors de la projection de scènes de manifestations confuses et violentes. Le jeu de la protagoniste est d’une expressivité et d’une sensibilité rare, et l’anglais, le français ainsi qu’une langue africaine se fondent parfaitement ensemble.

Un spectacle saisissant, à voir absolument !

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