texte de Luigi Pirandello et mise en scène de Stéphane Braunschweig
Vu par Marthe L.
Comme tu me veux est une œuvre des années 1930 de Luigi Pirandello. L’intrigue se déroule dans les années 1920, entre le monde exaltant des cabarets berlinois et celui des grandes familles bourgeoises de l’Italie fasciste. Une jeune femme (Elma), danseuse alcoolique, est reconnue à Berlin, par un Italien, pensant reconnaître la femme (nommée Lucia) de l’un de ses amis, disparue il y a dix ans. Cette dernière ne nie, ni ne confirme ce fait troublant et se laisse embarquer par ces deux hommes dans la maison de son présumé mari, en Italie du nord, contre le gré de son compagnon allemand, lui, persuadé qu’elle ne peut être la Lucia recherchée par les deux hommes. Tout l’enjeu de la pièce est le doute qui plane autour de l’identité de la jeune femme, qui passe d’ailleurs toute la deuxième partie de l’œuvre à amplifier et à jouer de ce doute. En effet, la ressemblance avec la femme disparue est frappante, mais est-ce réellement elle ? La réelle identité de cette femme mystérieuse est donc la question centrale de l’œuvre.
Le doute identitaire comme celui-ci, est un thème que je n’avais personnellement pas encore vraiment exploré ni au théâtre, ni dans une œuvre littéraire. Cette pièce m’a donc permis de découvrir ce thème passionnant et existentiel. J’ai adoré la dualité entre l’extravagance de la vie Berlinoise de la jeune femme et de l’ordre qui régnait dans la maison bourgeoise de la famille de son présumé mari.
La pièce est mise en scène au théâtre de l’Odéon par Stéphane Braunschweig. La scénographie est très simple, un espace sombre bordé d’une toile verte pour Berlin et un espace épuré, bordé de blanc pour le salon italien. Cela m’a un peu troublée au début, puis j’en ai compris l’intérêt : on peut se concentrer sur la dualité des lieux, la complexité des personnages et sur les subtilités/ambiguïtés de l’histoire. Un décor plus complexe aurait, peut-être, nui à cela. Le choix du metteur en scène de mettre ce « trou » recouvert de verre au milieu des deux décors m’a aussi beaucoup plu. En effet, lorsqu’il s’est ouvert et que les lumières ont changé j’ai trouvé ça très captivant. De plus, les reflets des personnages rejoignent l’idée de dualité du mystère de l’identité de Lucia-Elma.
Le jeu des comédiens était vraiment très bon. La comédienne principale notamment, arrivait à me persuader d’une identité puis d’une autre en quelques intonations bien placées. En effet, c’est une pièce qui rend le spectateur actif. Cependant, certains passages m’ont semblé un peu longs et redondants, peut-être que c’était destiné à renforcer le doute, mais cela m’a plus fait décrocher par moments qu’autre chose.
En conclusion, c’est une pièce qui m’a beaucoup plu, et intéressé. Le contexte historique post-guerre était fascinant et j’ai trouvé le thème du doute et de la dualité du personnage principal particulièrement passionnant et intelligemment mis en scène.