Style : Danse
On aime : #jazz #histoire
En deux mots : Chorégraphies autour de la Guadeloupe avec ses couleurs et histoire
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CARREAU DU TEMPLE / 4 Rue Eugène Spuller 75003 Paris
Tarif : Billetterie
Nos critiques
Texte et mes Clémence Baubant pour Grande Mess et Lēnablou pour Le sacre du sucre
Vu par Laura E. et Loane S.
Dans cette soirée riche en couleur, la danse jazz est mise à l’honneur autour des thématiques de la Guadeloupe et de l’esclavage dans les champs de canne à sucre à l’époque coloniale. Avec un décor simpliste et seulement trois danseurs, les deux chorégraphes travaillent autour de leurs héritages culturels et les transmettent au travers d’une gestuelle et d’un mouvement transversal. La danse est très tournée vers la rythmicité du corps et la marche, accompagnée d’une musique traditionnelle enregistrée pour Grande Mess et de chant a capella ainsi que de percussions réalisées par les danseurs pour Le sacre du sucre. Dans la première pièce, les costumes tendent à un croisement entre la tradition et une modernité plus actuelle, tandis que les costumes de la deuxième partie sont plus classiques et se veulent plus neutres, voire intemporels.
Via une chorégraphie ingénieuse, Grande Mess nous fait véritablement l’effet d’un voyage, partant d’un quotient répétitif et intense à une pause, une rupture de cette boucle infernale. La lumière tamisée, la musique rythmée et la marche constante des danseuses donnent une dimension de transe à la pièce hypnotisante : pendant une trentaine de minutes, on est totalement transporté en Guadeloupe et immergé dans la culture de l’île. A contrario, Le sacre du sucre renvoie plus à des éléments historiques qu’à un véritable voyage. En effet, la chorégraphie nous présente ici des aspects de la vie des esclaves dans les cannes à sucre, plus qu’une narration véritable de l’héritage colonial : c’est une culture, un mode de vie et de pensée qui nous est présenté. Lénablou utilise le corps comme principal instrument, et c’est au travers d’une gestuelle et d’un mouvement imagée qu’elle souligne la beauté de la danse et sa capacité à refléter tant de phénomènes variés. C’est une pièce époustouflante qui nous entraîne au rythme des percussions et de la danse entraînante.
Deux pièces époustouflantes à ne pas manquer !
Laura E.
La chorégraphie est divisée en deux parties, mais partagent une même envie d’harmonie et de profondeur dans les gestes et le corps humain. Les deux chorégraphes questionnent le geste qui relie le présent, la mythologie et l’histoire.
Dans Grande Mess, Clémence Baubant nous amène vers le carnaval de la Guadeloupe, à partir de rencontres avec les participant·es de cette marche dansée et codifiée. Dans ce travail, trois femmes revisitent le rapport intime du corps à la marche et aux rythmes, des reflets acoustiques surgissent au fur et à mesure du spectacle, ce qui crée une tension. Les gestes dansés par ces trois jeunes femmes relient les temps immémoriaux à la culture pop et aux figures mythologiques ou historiques, telles Ladjablès ou la Mulâtresse Solitude, immortalisée par André Schwarz-Bart.
Dans la seconde partie du spectacle Le Sacre du sucre, Lēnablou partage la scène avec deux musiciens. Cette représentation mélange corps dansant et corps sonore. Elle montre une danse pure et dégagée, libérant la vérité universelle d’une femme qui n’a plus rien à prouver. Cette chorégraphie nous raconte aussi l’histoire de la colonisation, portant sur la déshumanisation subie par les corps. C’est une plongée dans une esthétique où l’harmonie émerge du désordre.
La façon dont les danseurs font bouger et vibrer leurs corps au son de la musique rend le spectacle très intéressant et même hypnotisant ! À voir absolument !
Loane S.