Style : Seul en scène
On aime : #doute #authenticité
En deux mots : Le questionnement d’un homme sur ses propres désirs et le sens qu’il souhaite donner à sa vie.
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TQI – Manufacture des Oeillets / 1 place Pierre Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté
Nos critiques
Texte et mes Nasser Djemai
Vu par Thomas Y.
Kolizion est une enquête, une remise en question de l’authenticité de nos ambitions, de nos choix de vie.
Sur la surface, Kolizion, c’est le portrait de Mehdi, un homme, un frère, le septième garçon de sa famille, qui malgré les difficultés endurées dans son enfance, arrive, notamment grâce à un ami infirmier, à tracer son propre chemin grâce aux études et se trouve apte à supporter le fardeau d’être l’espoir de sa famille. Cependant, un accident lui arrive qui n’est pas si facilement dépassé: il tombe dans le coma. Cet événement le pousse à se questionner sur son train de vie: cette vie, l’a t’il voulue vraiment ? Est-ce possible qu’elle lui ait simplement été projetée? Un schisme, qu’il soit imaginé ou non, se provient entre les désirs de Mehdi sur sa vie et les attentes de l’extérieur.
La scène n’est partagée que par Mehdi et ses pensées. Il n’y a qu’un comédien, Radouan Leflahi. Cette décision prise par le metteur en scène permet à Mehdi d’être vu par le public le plus authentiquement possible. Elle lui donne la liberté de pouvoir se questionner lui-même sur les questions les plus intimes de la vie, et notamment de s’émanciper des projections qui sont faites sur lui de la part de l’extérieur pour remettre en question ce que lui, Mehdi, veut vraiment faire de sa vie. La mise en scène joue sur ses doutes : assez simple, elle se compose à la fois d’éléments de connotation naturelle – des branches, des copeaux de bois – et de connotation domestique – chaise, porte, échelle, livres. Cette diversité d’éléments pourrait symboliser la perception de Mehdi : d’un coté, il y a ses désirs, purs, simples, VRAIS, ce qu’il voudrait vraiment extraire de sa vie, sous la forme de ce bois naturel, et de l’autre, le décor domestique qui marque la scène, manipulé par l’homme; les choses qu’il pensait vouloir auparavant, le résultat de la socialisation qu’il a connue tout au long de sa vie. Mais comment savoir où cette division commence et où elle s’arrête? Y a-t-il vraiment une division? La scène est plongée dans le noir, éclairée seulement par quelques bougies qui jonchent le décor. Le symbole du doute, du manque de clarté, et peut-être même, par le fait que la seule source de lumière provient de ces bougies créés par l’homme, qu’il serait impossible de savoir quels seraient nos désirs “purs” s’ils n’avaient jamais étés affectés par la socialisation. Ce doute se montre davantage par le désordre de la scène et du décor. La scène nous donne un aperçu de son esprit. Finalement, le fait que tous les éléments du décor sont inflammables couplé aux bougies exprime la vulnérabilité de la vie humaine et nous rappelle à quel point elle est finie, nous montrant à quel point il est important de trouver la bonne réponse à la question qui est: “C’est quoi ce que je veux faire de ma vie, moi?”
J’ai beaucoup aimé cette pièce et l’esthétique de son décor, et je l’ai trouvée très importante personnellement et extrêmement révélatrice.
Une pièce incroyable qui plaît autant à l’esprit qu’à l’œil.