Des jeunes et des lettres

Vu du pont

 Le 1er février

Texte A.Miller mes Ivo van Hove

Comme leurs camarades de l’année dernière dont cela avait été le premier spectacle, les jeunes qui ont assisté à l’une des dernières de Vu du pont ont été enthousiasmés ! Applaudissements redoublés, certains debout, et des commentaires élogieux à la fin : « le meilleur spectacle depuis le début de l’année », « génial », « magnifique ».

On attend des retours plus construits dans les critiques que nous recevrons et lors de la rencontre avec deux des comédiens qui aura lieu le 3 février au lycée Balzac…

 

© Thierry Depagne

3 février, nous avons la grande chance de rencontrer Laurent Papot (Marco) et Matthieu Dandreau, assistant à la mise en scène : échange très riche avec les quelque 25 jeunes présents (veille des vacances, il y avait des absents !). Beaucoup de questions sur le travail du comédien auxquelles Laurent Papot répond avec fougue, mais aussi sur la scénographie et le travail avec Ivo Van Hove auxquelles Matthieu Dandreau répond avec précision. Les jeunes sont très contents et tous ont appris beaucoup de cette rencontre. lls renouvellent leur enthousiasme à avoir vu ce spectacle.
Un très grand MERCI à eux pour leur disponibilité, à quelques heures de la représentation du vendredi soir !

Critiques de :

La pièce dont nous parlons aujourd’hui est Vu du pont mis en scène par Ivo Van Hove, représentée au théâtre de l’Odéon (75017 PARIS).
La pièce aborde le thème d’une famille heureuse composée d’un mari et de sa femme qui vivent avec leur nièce comme s’il s’agissait de leur propre enfant et qui décident d’accueillir chez eux deux immigrés italiens. Catherine, la nièce de la famille, se voit affronter son propre oncle à cause de l’amour qu’elle ressent pour Rodolpho, un des deux immigrés italiens.
Les comédiens nous ont offert un très beau jeu d’acteur qui a su captiver mon attention durant tout le spectacle, qui nous contait une histoire émouvante. Quant à la scénographie, elle était plutôt simple, mais la scène en elle-même avait quelque chose en plus que je n’avais jamais vu auparavant dans aucun théâtre. En effet, celle-ci est au centre du public qui se trouve autour d’elle ; il s’agit d’un grand rectangle agrémenté d’un plafond pouvant déverser des liquides (un peu comme une douche géante). Cette particularité a permis au metteur en scène de nous époustoufler avec une scène de fin intense. L’utilisation de l’espace scénique a pour ma part été très bien réussie. Je suis complètement satisfaite de la mise en scène que j’ai vue.
Une tragédie époustouflante et pleine d’émotions. Voilà deux adjectifs qui qualifient parfaitement Vu du pont. Je le recommande sans hésitation.
Yelena G.

Très belle pièce de Arthur Miller, J’ai beaucoup aimé.

Alfieri, un avocat d’origine italienne, qui vit près du pont de Brooklyn, nous raconte l’histoire d’une famille accueillant deux réfugiés. Cette famille est composée d’un docker d’origine italienne, avec son épouse Béatrice qui ont adopté leur nièce Catherine. Ce docker, Eddie, refuse de voir sa nièce grandir et devenir une femme. Mais celle-ci veut partir et vivre sa vie sans le faire souffrir. Que va t-il donc arriver à nos deux héros qui ont tous deux un but précis et différent ?
C’est une pièce très intéressante, il n’y a pas de décor particulier mais un dispositif scénique central, tout blanc, autour duquel sont installés, en U, les gradins des spectateurs . Les acteurs se servent de la scène comme décor et nous font voir les endroits qu’ils veulent avec leurs jeux, ce qui est très bien réussi. Le jeu des acteurs m’a donc beaucoup séduit. Ils montrent tous une forme de sincérité très forte, et on croit à leurs personnages. Je note aussi que les costumes sont très contemporains.

Une pièce magnifique qui est à voir absolument !

Alice C.

Un Vu du pont éblouissant au théâtre de l’Odéon.

Cette pièce, écrite par Arthur Miller en 1955, a été mise en scène de manière sublime par Ivo van Hove avec des comédiens français (après son travail avec des comédiens anglais, puisque la pièce a été créée à Londres).

Alfieri, avocat américain, raconte l’histoire tragique d’une famille italienne vivant à New-York pendant les années 1950. Le père, Eddie Carbone, travaille dur dans les docks pour faire vivre sa femme Béatrice et sa nièce orpheline Catherine qu’il protège de façon excessive. Deux cousins de Béatrice, Marco et Rodolpho, rejoignent le trio. Catherine tombe alors amoureuse de ce dernier, Eddie ne peut supporter leur relation. Les sentiments se mélangent en lui: il aime, hait, jalouse, compatit, bat, câline.

Charles Berling alias Eddie Carbone réussit à transmettre ces sensations ambiguës et complexes grâce à un jeu d’acteur magnifique. Cette dualité se retrouve également chez Pauline Cheviller qui incarne à merveille Catherine, personnage difficile qui oscille entre la jeunesse et la vie d’adulte. Le côté jeune et enthousiaste est aussi présent chez Rodolpho (Nicolas Avinée), blond charmant et débordant d’énergie qui fait sourire le spectateur. Laurent Papot, l’opposé de ce dernier n’est pas moins éblouissant dans son rôle de cousin italien. Discret mais très expressif, il arrive à faire pleurer le public. De cette représentation, on regrettera seulement le jeu répétitif et un peu fade au regard de la prestation des autres comédiens de Caroline Proust qui joue la femme conciliatrice, Béatrice.

Les comédiens s’appuient uniquement sur le texte car la mise en scène est très épurée: pas un décor, très peu d’accessoires, une lumière qui varie faiblement. Seule la musique est bien présente. Le requiem de Gabriel Fauré accompagne tout le long les comédiens et exagère le côté tragique de l’histoire. En effet, un requiem est joué lors d’un enterrement et c’est en sachant cela que la musique devient un souffle prophétique qui annonce la mort. Ce choix d’une scénographie minimaliste ne dérange aucunement. Au contraire, il permet au public d’entrer dans l’histoire, sentiment renforcé par l’espace trifontal que constitue la scène, accentuant ainsi la vision et la proximité du spectateur auprès des acteurs et du public.

Un spectacle très prenant dont l’on sort profondément touché à la fois par l’histoire et

par le jeu des comédiens. A voir absolument !

Ninon S.

Pourquoi toujours crier?

Malgré ce petit défaut, cette pièce est très intéressante sur plusieurs points évoqués ci-dessous .
Eddie prend soin de la nièce de sa femme après la mort de sa mère, mais lorsqu’ils accueillent des émigrés italiens, il change complètement de comportement. L’avocat Alfieri raconte l’histoire lorsqu’il parle en temps que narrateur (car il est aussi un personnage) : à ces moments, les acteurs s’immobilisent, ce qui a pour effet de découper les scènes.
Le titre de la pièce est « Vu du pont » ou « A view from the bridge » de son titre original écrit par l’américain Arthur Miller en 1955 qui est une figure de la littérature américaine et un dramaturge reconnu. Cette pièce nous est présentée dans une nouvelle traduction faite par Daniel Loayza, mise en scène pas Ivo Van Hove.
Le plateau de la scène est très original car il est presque entouré complètement par le public (ce que je n’avais jamais vu jusqu’ici)
Le choix du metteur en scène de faire crier les acteurs est un peu lassant et on entend le relâchement des voix à la fin de la pièce, ce qui selon moi ne sert pas l’histoire, au contraire. En revanche, l’immobilité des acteurs, à certains moments est surprenante, cela nous permet de prendre de la distance avec l’action.
A voir même si cela ne serait pas mon premier choix.
Angèle L.

C’est une pièce passionnante pleine de rebondissements tout le long du spectacle, à voir absolument.

Vu Du Pont fut écrit par Arthur Miller qui est un dramaturge, écrivain et essayiste américain. Il est une figure importante de la littérature et du cinéma américain du XXᵉ siècle. Cette pièce est mise en scène par Ivo van Hove (belge) dans une scène assez spéciale car c’était la première fois que j’en voyais une de forme en 360° où les spectateurs peuvent se voir entre eux.
Elle est jouée à l’Odéon du 17e arrondissement de Paris du 4 janvier au 4 février 2017.
Le pont évoqué est celui de Brooklyn à New-York où séjourne une communauté d’immigrés italiens.
C’est l’histoire d’une petite famille composée d’Eddie Carbone, de sa femme Béatrice et de Catherine qui fut recueillie par sa tante car elle était orpheline. C’est un avocat de la petite famille d’immigré habitant dans leur quartier qui raconte leur histoire tragique. Cette famille vivait sans problème mais l’arrivé de Marco et Rodolpho fut un coup de théâtre et changea le cours de leurs vies car après divers évènements Eddie devint jaloux et était toujours sur les nerfs sur tout ce qui concernait Catherine et Rodolpho dont elle était tombée amoureuse.
Le fait que la scène soit à 360° change des mises en scène classique, j’ai aimé cette forme de scène car cela permet de bien voir les personnages sous différents angles, de se sentir comme autour d’eux pour que l’on puisse tout voir et vivre le moment présent avec eux. Grâce à cela les comédiens utilisent complétement leur espace et peuvent être plus en mouvement, elle rend cette présentation encore plus réelle, ce qui est vraiment plaisant.
Les costumes sont modernes, donc cela me fait penser que même si cette scène se déroule au XXe siècle, ce problème d’immigration et d’accepter les immigrés est aussi d’actualité (au XXIe).
Le spectacle commence sous une pluie représentant une douche puis finit sur une pluie rouge montrant la violence finale avec un requiem émouvant.

C’est un spectacle très émouvant que je conseille très fortement de voir !
Samia R.

Vu du pont d’Arthur Miller, mis en scène par Ivo Van Hove, nous expose la vie d’une famille constituée d’un mari et de sa femme qui s’occupe de leur nièce (orpheline) comme de leur fille. Cette famille va accueillir deux immigrés italiens, la nièce va tomber amoureuse de l’un d’eux, et le  »père » va s’opposer à cet amour.
Le jeu des comédiens, qui jouent pieds nus, est exceptionnel, on a le sentiment de vraiment être avec eux car ils ont une présence sur scène qui est époustouflante.
J’aime beaucoup la scénographie épurée, c’est une scène rectangulaire entourée d’un petit muret de verre, et presque au centre de cette scène blanche se trouve une  »sortie » de douche. Le son est juste magnifique, les coups de tambours qui résonnent sont très prenants, et le requiem de Fauré nous transporte le temps d’un spectacle.
Une des plus belles pièces que j’ai vues ! A voir sans hésiter !
Maud T-C

Vu du pont est une pièce de théâtre écrite par le dramaturge américain Arthur Miller, elle à été adaptée plusieurs fois en tant que film ou pièce de théâtre. Ivo Van Hove reprend cette pièce en 2014, et en fait un chef d’œuvre. Au commencement de la pièce, un filet d’eau tombe du plafond et deux hommes discutent. Le metteur en scène a enlevé tout ce qui pourrait gêner l’intrigue ou les détails indispensables à ce qui va être l’une des plus belles pièces que j’ai pu voir.
Cette pièce repose sur la tragédie grecque mais sous certains aspects on retrouve celle japonaise. L’auteur fait revenir régulièrement les mots dignité, honneur, respect, très présents dans les mœurs japonaises. Le metteur en scène joue avec ces mots. Pendant la pièce un son retentit à plusieurs reprise, il signifie une mort proche, le metteur en scène pousse alors l’intrigue à son maximum . Cette tragédie sort de l’ordinaire, habituellement rattachée aux rois et reines car elle met en scène un docker, Eddie Carbone, sa femme Beatrice et sa fille adoptive Catherine, une famille qui vit au contact d’une microsociété d’immigrants italiens qui a pour règle les lois de son pays d’origine où le code de l’honneur et de la vengeance priment sur la justice. Entrent en scène deux cousins immigrés de Beatrice, c’est à ce moment que les rouages de la tragédie se mettent en marche et ne s’arrêteront qu’à la fin de la pièce.
Le jeu des acteurs est époustouflant car du haut de notre siège on observe un épisode de drame et ils sont là pour nous faire entrer dans cet épisode.
L’avocat, Alfieri, parlant d’une voix à la fois forte et douce, apparaît comme le chœur de la pièce. Son rôle mélange le compromis et la loi, et tout au long de la pièce il essaiera de sauver Eddy de cette tragédie.
La scène tri frontale, nous montre un nouveau point de vue avec des acteurs qui nous tournent le dos et une mobilité pour l’acteur plus ample
Telle une arène, elle est rectangulaire entourée de parois en glace, on peut admirer une scène blanche, sans décors, sans couleurs, sans vie. On a l’impression de pénétrer dans une cage, dans un intérieur privé que nous seuls avons le droit d’observer. La tension accompagnée du requiem de Fauré qui vient la ponctuer, prend le spectateur à la gorge et ne le lâche plus.
La pièce de Von Hove est très bien mise en place, les acteurs sont tous coordonnés et nous font voyager jusque dans Brooklyn par leurs merveilleux jeux d’acteurs.

Le metteur en scène allie l’intrigue à la passion et nous fait découvrir une pièce puissante à la fois esthétique et dramaturgique
Théophile C.

Vu du pont, une pièce très prenante avec une scène inhabituelle, des comédiens géniaux et un drame passionnant plein d’émotions.
Elle est écrite par le dramaturge américain Arthur Miller, mis en scène par Ivo van Hove. La pièce mis en scène par Ivo van Hove a été écrite en 1955, époque où l’immigration italienne était très forte, on peut donc se demander si les enjeux sont restés les mêmes à notre époque.
Cette pièce met en scène l’amour trop étouffant d’un oncle considérant sa nièce comme sa fille qu’il a vu grandir, pour qui il a travaillé dur et qu’il veut garder pour lui. Certains moments sont gênants tant il est évident que cet amour envers sa nièce est malsain et possessif.
L’histoire se déroule dans le New-York de 1950. Alfieri, avocat d’origine italienne, la raconte en tant que témoin impuissant du drame qui se déroule sous ses yeux. Eddie Carbone, un docker d’origine italienne vit avec son épouse Béatrice et leur jeune nièce Catherine que le couple a recueillie après la mort de ses parents. Eddie la couve, s’attache à elle et refuse de la voir grandir et de devenir une femme. Un jour, deux cousins de Béatrice, Marco et Rodolpho, fuyant la misère de leur région de l’Italie, arrivent illégalement aux États-Unis et trouvent refuge chez Eddie.
La scène est assez atypique, en effet elle est carrée en verre avec le public tout autour comme une sorte d’arène dans lequel un drame se déroule et le public y assiste, impuissant face à celui-ci.
Les personnages sont très souvent dispersés sur la scène comme pour montrer qu’ils sont en opposition
Le décor est inexistant, à part une chaise la scène est totalement vide. Les personnages changent régulièrement d’endroit, tout est raconté par le narrateur, ce qui justifie la non utilisation de déco, le narrateur nous raconte une histoire dont lui-même fait partie. Il fait ainsi des anticipations en évoquant ce qui va arriver tout en restant impuissant face à cela.

L’éclairage est au plafond, le sol de la scène est blanc ce qui permet d’attirer la lumière en donnant l’illusion d’un sol éclairé. Ce choix d’éclairage est judicieux car il met en valeur les acteurs en les éclairant entièrement, toute la scène est éclairée, on peut ainsi tout voir. Chaque personnage est illuminé et chacun de ses faits et gestes est visible. Le public est par moment plongé dans le noir et par moment éclairé.
Pour montrer la tension qui monte entre les personnages, le metteur en scène a décidé de mettre des bruits de percussions, ces percussions s’amplifient jusqu’au drame final ainsi le spectateur ressent la pression monter au fur et à mesure de la pièce, je trouve ce choix très intéressant afin de plonger entièrement le spectateur dans le drame auquel il assiste.
Les comédiens portent des habits correspondant à leur personnalité, leurs âges et leurs classes sociales. Leurs habits sont plutôt modernes, cela montre l’envie du metteur en scène d’actualiser la pièce et sa problématique, de montrer l’intertextualité du texte, en effet la situation de Marco et Rodolpho fait réfléchir sur le sort des immigrés de nos jours.
Les comédiens transmettent des émotions, ils ne font qu’un avec leurs personnages. Je trouve le jeu de Caroline Proust très juste, elle est très émouvante.
La fin est très intéressante : en effet une pluie de sang s’abat sur tous les personnages, cela représente la mort d’un personnage qui affecte tous les autres.
Cette pluie de fin fait référence à la douche du début, l’eau pure se transforme en bain de sang. Je trouve cette fin magnifique, elle montre la chute de tous les personnages, la fin de ce drame.
Au début de la pièce la scène s’ouvre comme une boîte avec le plafond qui monte et à la fin celle-ci se referme sur elle-même, le plafond tombant dessus comme un piège se refermant sur les personnages.
Le spectateur ressent les émotions des personnages, il est vraiment plongé dans ce drame du début jusqu’à la fin où une tension est présente, même au début lorsque tout va bien, on sent que quelque chose va arriver, c’est très prenant.

Un spectacle très prenant, touchant et qui faire réfléchir. A voir de toute urgence !

Zéphyr M.

Vu du pont est une pièce profonde, touchante, qui réalise une étude sociologique hautement réaliste à travers ses personnages, dans un décor d’une grande sobriété.
La pièce de Vu du pont d’Arthur Miller est mise en scène par Ivo van Hove avec une troupe composée de huit acteurs, ayant chacun leur rôle propre, à l’Odéon-Théâtre de L’Europe.
Vu du pont est une tragédie moderne écrite par Arthur Millet dans les années 1950. L’histoire se déroule dans les années 1950 en Amérique, soit une grande période d’immigration clandestine italienne, dans un quartier prolétaire de New York. Elle raconte un fait-divers banal : l’expulsion de deux immigrés italiens ainsi que le meurtre d’un prolétaire. Eddie, père spirituel de Catherine et mari de Béatrice, est un homme d’une cinquantaine d’années issu de la classe populaire travaillant durement en tant que docker pour subvenir au besoin de sa famille. Celui-ci voue un amour paternel particulièrement fort à sa nièce qu’il considère comme sa fille, il souhaite plus que tout au monde sa réussite sociale. Mais cette harmonie familiale vient se briser lors de l’arrivée de deux cousins éloignés italiens, Rodolpho et Marco, venus illégalement en Amérique pour trouver du travail. Lentement, Eddie observe le détachement de sa fille et l’apparition du désir de celle-ci pour les hommes. Il ne peut l’accepter et tombe dans une paranoïa, une forme de dépression, qui l’amène à nier, à refuser la réalité, à vouloir arrêter le temps pour pouvoir tout conserver, ce qui provoquera son acte irrémédiable et ainsi sa mort.
Par-dessus la scène, un grand cube noir creux de même dimension est posé. Lorsque la pièce débute, ce cube s’élève doucement et les personnages apparaissent. Puis, lorsque la pièce se termine, le cube vient refermer la scène. Cette infrastructure surprenante que propose Ivo van Hove matérialise une cage, une boite qui s’ouvre et qui se ferme, soit un monde qui s’offre à nous mais sur lequel nous sommes incapables d’agir. Dès le début, Ivo van Hove nous informe par cette mise en scène que ce monde est prédestiné, que rien ne peut empêcher la tragédie qui va survenir. Nous sommes donc impuissants. Cette impuissance frustrante que l’on ressent tout au long de la pièce accentue la montée progressive de la tension et anticipe la tragédie qui, lorsqu’elle survient, concentre la totalité de la tension pour ensuite exploser. Cet effet à la fois dramatique et tragique intense est des plus réussi, le spectateur adopte la vision du personnage de l’avocat et se retrouve aussi incapable d’agir, troublé et surpassé par les évènements que lui. C’est dans cette manipulation brillante réalisée par Ivo van Hove sur le spectateur que réside la pièce, sur ce jeu qu’il propose et auquel on ne peut se soustraire ni gagner, extrêmement réussi et des plus déroutants. Dans cette pièce, il y a peu de mouvements, surtout des regards éloquents et imposants qui viennent installer une atmosphère tendue, de conflit et de révolte. L’évolution des personnages est visible sur les traits de leurs visages, visages des excellents acteurs qui ont su avec beaucoup de talent nous présenter cette pièce.

Meziane I.

Nous sommes allés voir Vu du pont, le 1er février 2017 au théâtre de l’Odéon, un théâtre de style industriel qui correspond bien à l’ambiance ouvrière de la pièce.Vu du pont est une pièce jeune et très intéressante, elle regroupe en même temps le présent et le passé
La pièce se déroule à New-York en 1950, (à cette époque l’Italie était en crise et beaucoup d’Italiens partirent pour les Etats-Unis) ; elle est vue des yeux d’un avocat de Brooklyn (Alfieri), il raconte l’histoire d’une famille new-yorkaise qui flanche le jour où Rodolpho et Marco, deux cousins de Béatrice (la femme de Eddie), arrivent d’Italie pour trouver refuge aux Etats-Unis. Rodolpho tombe amoureux de Catherine (la nièce de Eddie) mais Eddie est contre cette union et fera tout pour les séparer. Ce scénario est un scénario très classique pour un drame amoureux : un couple que tout veut séparer mais qui arrive à persister.
La mise en scène est simple mais le détail qui change tout est la scène, on se sent au milieu de l’action, on peut presque interagir avec les acteurs tellement ils sont proches du public. Le moment que j’ai le plus aimé est celui où Marco soulève la chaise à un bras et où Eddie se rend compte qu’il a fait son temps ; le fait de mettre une musique épique met Marco et Eddie dans le rôle de personnages de tragédie grecque comme dans le film 300. Le dénouement est très fort et très puissant car, comme on se sent au milieu de l’histoire et des personnages, on sent que les personnages sont à bout et que la fin va être sinistre pour eux.

Une magnifique pièce qui captive et passionne, à voir absolument.

Joël C.