Des jeunes et des lettres

Le favori

 Texte Mme de Villedieu mes Aurore Evain

Aurore Evain travaille sur les autrices et dramaturges, nombreuses mais souvent inconnues ! Elle a déniché une pépite qui fut jouée par la troupe de Molière devant Louis XIV à Versailles : succès donc, mais oublié pendant quelque 350 ans… Elle fait appel à Amal Allaoui (Direction musicale Les mouvements de l’âme) pour retrouver des œuvres musicales de compositrices du 17ème.

L’intrigue semble galante (un favori du roi qui veut être aimé pour lui-même, amoureux d’une princesse qui veut également être aimée pour elle-même – amour qu’ils ne s’avouent donc pas – une libertine ambitieuse, un prince sans argent et volontiers coureur de jupons, un roi facétieux et deux amis respectivement du favori et de la libertine : voilà les personnages de cette tragi-comédie qui, en 5 actes et en alexandrins, vont connaître des retournements de situation – exil du favori, espoirs de ses rivaux, fidélité de son ami et de son amante, triomphe du roi).

Intrigue galante seulement ? Le texte et le contexte historique révèlent une pièce politique qui montre l’audace de Mme de Villedieu ! Jouée peu de temps après la destitution et l’arrestation de Nicolas Fouquet, qui suscitèrent maints grondements à la Cour (Mme de Sévigné entre autres), la pièce prend toute sa dimension si on voit dans ce favori ce même Nicolas Fouquet, si on entend dans le personnage du prince servile Clothaire les sonorités de « Colbert » et voit dans le nom de Lindamire l’anagramme du prénom de l’épouse de Nicolas Fouquet… Audace, mais aussi habileté, car dans sa pièce, Mme de Villedieu donne le beau rôle au roi qui rappelle de son exil le jeune favori Moncade !

Ce spectacle écrit, mis en scène, joué par des femmes (deux comédiens toutefois, très bons dans leur rôle de Moncade et du prince, mais un roi joué excellemment par Isabelle Gomez !) est à voir. Galant et politique certes, mais très drôle aussi ! Une scénographie réussie dans la belle salle de pierre de l’Epée de bois (magnifiques lumières notamment), des costumes en camaïeu blanc, beige et orangé évoquant un 17ème rêvé : tout concourt à faire de ce spectacle une réussite !

Un bord de plateau très intéressant à la fin avec Aurore Evain qui nous a livré des clefs de cette oeuvre, Amal Allaoui et trois comédiens ! Un GRAND MERCI pour leur disponibilité et la richesse deleurs interventions.

 

Les jeunes découvraient aussi le Théâtre de l’Epée de bois et la Cartoucherie (après une marche rapide dans le bois de Vincennes, la navette n’étant pas au RV !) Bonne préparation pour Avignon…

 

Retours des jeunes…

Élégante représentation d’un classique

La pièce de Madame de Villedieu est mise en scène par Aurore Evain au théâtre de l’Épée-de-Bois- Cartoucherie.
Le favori raconte l’histoire d’un jeune homme qui a les faveurs du roi mais qui accuse cette amitié royale de nuire à ses amitié et amour sincère. Le roi, contrarié, l’exile. C’est à ce moment que le favori se rend compte de ses vrais amis.
Le décor est agréable avec ses orangers, qui rappelle le lieu, à Versailles, où la troupe de Molière représenta cette pièce devant Louis XIV
Les costumes sont dans leur époque, beaux et raffinés.
Je remercie la metteure en scène pour ce magnifique travail et pour nous faire découvrir la pièce de la première dramaturge professionnelle française.
Océane B.

Une fidèle représentation du Favori au théâtre de l’Épée de bois.

Cette pièce qui a été écrite par Madame de Villedieu est mise en scène pour la première fois depuis 350 ans par Aurore Evain.
Cette tragi-comédie raconte l’histoire du Favori du Roi, Moncade, qui ne cesse de penser que les gens l’aiment pour son titre et non pour ce qu’il est, et qu’il est devenu favori par les faveurs du Roi et non par son propre mérite. Lindamire, amoureuse de Moncade, n’est pas démonstrative de peur de passer pour une ambitieuse, or, celui-ci l’aime aussi. Par une ruse, le Roi va réunir Lindamire et Moncade, et va coincer Clotaire, un prince qui a tout perdu, et Elvire qui complotaient sur le Favori pour s’attirer les faveurs du Roi et obtenir son titre.
Cette mise en scène du Favori d’Aurore Evain insiste sur le travail et la subtilité de l’autrice quant au parallèle politique qui est fait. En effet, cette adaptation nous transporte trois siècles en arrière, au temps d’un des plus grands scandales de l’époque moderne : le Procès Fouquet. On admire les orangers remplacés dans cette belle salle en pierre par des arbres du bois de Vincennes, qui rappellent le lieu où s’est produit pour la première fois Le Favori. Le prologue, en semblant d’interaction avec le public, est formidablement bien écrit et magnifiquement joué, en plus d’être divertissant et très comique. Un très beau travail au résultat concluant et plus que satisfaisant.

En conclusion, une excellente représentation pour la renaissance de cette fabuleuse tragi-comédie, à recommander à toutes et à tous !
Maryam H.

Le Favori raconte l’histoire du favori du roi qui n’est aimé que pour les services qui lui sont accordés et non pour ce qu’ il est réellement. Ce favori tombe amoureux de la fille du roi mais craint de se faire rejeter par celle-ci à cause de son statut. À partir de là s’emmêleront d’autres histoires sur le pouvoir ou la courtisanerie. J’ai beaucoup apprécié le décor de la pièce, c’est un jardin avec de vrais arbres situés à plusieurs endroits sur la scène, ce qui la rend très réaliste et donne une impression de printemps très agréable. La mise en scène implique le public dans le spectacle : ils nous ont parlé et salué au début de la pièce, en faisant la bise à certain d’entre nous. Une femme qui venait d’accoucher a également confié son bébé à une spectatrice. Cela a créé une ambiance chaleureuse. La pièce inclut aussi de la musique, elle était plutôt douce et la chanteuse a une très belle voix, c’était donc super à écouter. Ces trois points sont ce que j’ai le plus aimé dans cette représentation. Après l’histoire ne m’a pas intéressée plus que ça, je l’ai trouvé plutôt ennuyeuse, même si la mise en scène est globalement réussie. Ce qui m’a déplu dans la mise en scène c’est la représentation des personnages, ils ont tous l’air fous ou surexcités. J’imagine que c’est dans le but d’amuser le public mais j’ai trouvé que la folie est trop présente et que cela devient lassant.

Un spectacle dont le décor et la musique sont très bien réalisés ! Dommage que l’histoire racontée ne soit pas au niveau de ces éléments de mise en scène.
Lisa P.

Une mise en scène admirable pour une pièce que notre époque n’a jamais vue ! Le Favori, une pièce de Madame de Villedieu, une contemporaine de Molière, n’a été effectivement joué qu’une seule fois, par la troupe de celui-ci, devant Louis XIV, il y a 350 ans

La pièce commence par un prologue écrit par Aurore Evain, metteure en scène, destiné à remplacer celui qui a été joué par Molière lors de la création et a ensuite été perdu. L’histoire est celle du favori d’un roi, et de Lindamire, fière princesse, qui s’aiment, mais ne se l’avouent pas car ils veulent tous deux être aimés pour eux-même. Le roi, conseillé par Clotaire, un courtisan hypocrite qui cherche absolument à lui plaire et discrédite son rival, exile son favori. Cette première partie est centrée sur le favori, qui guide l’action. La deuxième partie de la pièce commence, où, contrairement à la première partie, c’est la princesse qui tire le fil conducteur. Néanmoins, on se rend compte à la fin de la pièce que l’exil du favori n’était qu’un prétexte du roi pour réunir celui-ci et Lindamire, mais aussi pour piéger le « caméléon de cour ».

Derrière cette intrigue amoureuse, il ne s’agit pas d’une pièce galante, mais bien d’une pièce politique, dénonçant le pouvoir arbitraire du roi. On peut effectivement remarquer que Lindamire reprend les lettres du nom de Marie-Madeleine de Castille, épouse de Nicolas Fouquet, surintendant des finances sous Louis XIV et ennemi politique du ministre Colbert, et une consonance entre les noms Clothaire et Colbert, qui poussa Louis XIV à condamner Nicolas Fouquet. En effet, après la mort de Mazarin en 1661, Nicolas Fouquet a beaucoup de pouvoir à la cour de Louis XIV. C’est par jalousie que Colbert met en garde le roi en lui disant qu’avec trop de pouvoir, Nicolas Fouquet pourrait essayer de le détrôner. Le roi finit par emprisonner Fouquet, après un long procès.

Cette dénonciation des travers politiques m’a énormément plu, ainsi que le côté féministe de la mise en scène. En effet, on connaît aujourd’hui beaucoup moins de pièces écrites par des femmes que par des hommes. En mettant en scène cette pièce, Aurore Evain a choisi de ne faire jouer presque que des femmes, même pour les rôles masculins. Ainsi, c’est Isabelle Gomez qui joue le rôle du roi, ou Marion Casabianca qui joue Moncade

Une pièce exceptionnelle, à voir le plus vite possible !

Suzanne W.

Un spectacle qui revient sur scène tout aussi admirable comme autrefois!

La metteure en scène se place dans une dimension de défense pour les femmes autrices. En effet, cette pièce, plus représentée depuis 350 ans, a été écrite par la première dramaturge française jouée à Paris au 17ème siècle. Cette tragi-comédie raconte l’histoire de Moncande, le favori, qui aime Lindamire mais qui veut être aimé pour lui-même et non pas pour ses nombreuses faveurs. Cependant Lindamire cache son amour réciproque par crainte de passer pour une prétentieuse. Le roi de Barcelone, apprenant que les bienfaits qu’il offrait à Moncande ne le rendaient pas heureux lecondamna à l’exil. Pour avoir plus de faveurs de la part du roi, Clotaire, prince réfugié à la cour, et Elvire qui faisait semblant d’aimer le favori afin de rendre Lindamire jalouse, profitèrent de la situation. Lindamire se montrant imposante laisse éclater son amour et appelle à donner grâce à son amant. Mais tout à coup, le roi avoue avoir fait tout cela afin de connaître les vraies intentions de ses courtisans.
La pièce a commencé par une reécriture d’un prologue écrit par Molière lors de sa première représentation. D’une touche comique et dans la bonne humeur, la metteure en scène a transmis cela au spectateur, faisant comme son prédécesseur et mettant les comédiens en lien direct avec le public. De plus, la metteure en scène a décidé de représenter cette pièce avec une troupe de comédiens quasiment que féminine, en effet il n’y avait que deux comédiens dans intégralité de la pièce. Cela insistait sur le côté féministe car la metteure en scène s’appuie sur l’amélioration des droits de la femme dans la société vu qu’elle cherchait à remettre en scène cette « pièce oubliée », écrite par une femme. Et comédiennes et comédiens jouaient de manière remarquable. En outre, le rappel au 17ème siècle a été représenté avec charme et efficacité. En effet, la scénographie se composait surtout par des orangers qui faisaient rappel au lieu de la première représentation de la pièce, à Versailles et les costumes sont typiques du 17ème siècle.
A voir absolument!
Hortense M.R.

Un favori plein de fantaisie

Jouée par Molière au Palais Royal, la pièce de théâtre de Madame de Villedieu est, ce samedi 11 mai 2019, mise en scène par Aurore Evain dans l’impressionnante salle de pierre du théâtre de l’Epée de bois.
L’autrice nous raconte l’histoire de Moncade, jeune favori du Roi de Barcelone. Malheureux d’être aimé pour le nom du « favori du Roi » et non pour le sien, celui de Moncade, il cherche le véritable amour. Les faveurs du Roi ne satisfaisant plus son bonheur, Moncade s’attire la disgrâce de celui-ci et se voit contraint à l’exil. Il faudra peu de temps après son départ pour que les ambitieux courtisans de la cour comme Clotaire, prince réfugié à la cour, et Elvire, libertine, en profitent pour gagner à leur tour les faveurs du Roi. Moncade rencontrera Lindamire, qui va, par amour, le défendre devant le Roi pour rester auprès de lui.
L’histoire est accompagnée « d’intermèdes musicaux », les musiciennes et la chanteuse sont des personnages à part entière de la pièce; elles interviennent dans certaines scènes et comme les comédiens, elles permettent de redonner vie à la pièce.
Madame de Villedieu s’inspire du procès de Nicolas Fouquet. Elle fait allusion à la disgrâce de Fouquet par le Roi Soleil. Cependant Nicolas Fouquet finira lui, embastillé. Il est commun dans le théâtre baroque pour une femme de jouer un rôle masculin; le personnage du Roi par exemple est joué par une femme. Cela permet au personnage du Roi de « déviriliser ses courtisans ». Ainsi l’histoire se fond parfaitement à cette scène brute qu’est la salle de pierre. La metteuse en scène a fait installer de véritables orangers afin de reconstituer un jardin royal.

Une pièce qui méritait d’être remise en scène, très belle histoire !
Isaure T.

Le Favori, pièce écrite par Madame de Villedieu et montée par Molière en 1665, est mise en scène, pour la première fois depuis 350ans par Aurore Evain. Cette pièce en 5 actes et en vers met en scène le système de la courtisanerie. Madame de Villedieu ou Marie Catherine Desjardins, la dramaturge, naît en 1640 et meurt en 1683.
Le décor, quelques arbres et deux chaises, est simple, mais esthétique car il est en harmonie avec la salle de l’Épée de bois et ses lumières chaleureuses et naturelles qui m’ont fait penser à la lumière de l’aube. La disposition des éléments du décor accentuent la perspective, dans cette salle déjà très vaste. En ce qui concerne l’intrigue, cette pièce comporte de nombreuses références comme Clothaire ressemblant à Colbert et Lindamire qui est l’anagramme de Marie-Madeleine de Castille, la femme de Fouquet. Cette pièce fait donc référence à des faits historiques, ce qui rend cette pièce intéressante et de qualité en plus de son côté comique.
Yasmine B.

Un regard nouveau sur l’âge d’or du théâtre français !

Au cours de l’Histoire, le théâtre a connu plus de deux-mille “autrices”, dont les noms se sont  progressivement effacés des encyclopédies. Parmi elles, nous pouvons compter Mme de Villedieu, dramaturge à la plume leste et raffinée et la première femme à voir ses pièces jouées et produites à Versailles. Sa tragi-comédie en cinq actes, Le Favori, jouée devant le Roi Louis XIV lui-même par la troupe de Molière, fut un énorme succès à la cour. Le Favori est une pièce audacieuse, car son message politique est habilement caché sous la façade d’une intrigue galante et légère.  La pièce met en scène Moncade, “Un Favori qui veut être aimé pour lui-même” qui se fait exiler par le Roi, offensé par son insatisfaction. Ainsi, à la cour, Clotaire, prince réfugié et Elvire, libertine profitent de l’occasion pour obtenir les faveurs du Roi alors que Lindamire, son amante, fait tout pour que Moncade reprenne sa place. Cette pièce est en fait une référence de Mme de Villedieu sur le procès Fouquet et plus que tout, une critique de l’hypocrisie des “caméléons de Cour”.
La troupe La Subversive, est  la première à représenter cette pièce depuis 1667. Par conséquent, ils ont optés pour une mise-en-scène traditionnelle. Un prologue à la Molière, des costumes et de la musique de l’époque : tout est orchestré pour recontextualiser Le Favori dans son siècle.
La très belle salle du théâtre de l’Epée de bois, des orangers et de beaux costumes aux teintes chaudes nous plongent dans un XVIème siècle fantasmé et féerique.
Pour compléter le tableau, la pièce est colorée par du chant accompagné à la viole de gambe et au théorbe. Ces belles œuvres, sélectionnées soigneusement dans le répertoire des compositrices baroques ont pour but d’honorer ces femmes d’esprits oubliées.
Bien que le jeu d’acteur soit un peu trop bruyant et non-nuancé, il n’en reste pas moins chaleureux et interactif.
C’est dans la joie et la bonne humeur que La Subversive rend justice aux intellectuelles dont l’héritage est si souvent mis de côté.

Une belle initiative à ne pas manquer pour tous les friands d’Histoire et de théâtre classique !
Céleste G.

Le Favori, une pièce aux sous-tons politiques écrite par une femme au XVIIeme siècle.

Elle fut jouée pour la première fois à la cour de Louis XIV en 1665. Elle a été écrite par Mme de Villedieu et jouée par la troupe de Molière qu’elle avait aidé au début de sa carrière. Écrite l’année de l’inauguration de Versailles, elle est dédiée à Hugues de Lionne, ministre et secrétaire d’État (protecteur de Mme de Villedieu). Nous avons assisté à cette représentation le 11 Mai 2019 à la Cartoucherie, au théâtre de l’Epée de Bois. Cette pièce est politique car elle renvoie à un évènement d’actualité : la disgrâce de Nicolas Fouquet, favori de Louis XIV. Elle dénonce les courtisans hypocrites, flatteurs et opportunistes mais en leur faisant un peu justice car on comprend leurs motivations à l’époque.
La mise en scène représente un jardin d’orangers, qui renvoie aux jardins royaux à Versailles : le sol est carrelé avec des lignes symétriques ce qui rappelle la tendance de symétrie des jardins au XVIIeme ainsi que des arbustes. L’histoire met en scène le Favori du roi qui est en quête d’identité et qui se demande si ses amis ne le sont qu’à cause de sa position. Il y a aussi trois courtisans, deux qui ne recherchent que les hautes positions à la cour et une qui affrontera le Roi à la fin de la pièce. Le Roi est présenté comme un être intelligent, habile, clairvoyant et digne de respect.
Bien qu’elle ne soit pas dans mes préférées que nous ayons vues cette année, j’ai trouvé cette pièce vraiment très agréable. L’intrigue, simple en apparence, contient un second degré de lecture lié au contexte historique. Quant au jeu des acteurs, je les ai tous trouvés très corrects à l’exception de la performance du Roi qui, je pense, était un cran au-dessus. Les musiques, qui jouaient un rôle très important dans la pièce, interprétées par un violoncelle et un luth, accompagnaient agréablement la pièce.

Une pièce très unique, à voir !
Carla M.