Souriez quoi qu’il arrive au Théâtre des Quartiers d’Ivry

Souriez quoi qu’il arrive au Théâtre des Quartiers d’Ivry

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Style : Théâtre contemporain
On aime : #société #hypocrisie
En deux mots : L’histoire d’une famille d’apparence ordinaire comme miroir de la société moderne.

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TQI – Manufacture des Oeillets / 1 place Pierre Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté

Nos critiques

Texte Nick Gill et mise en scène Laurent Meininger

Vu par Joséphine R., Estelle T., Mathilda VB., Faryal A., Anouk DO. et Maria Giulia C.

 

Souriez quoi qu’il arrive, adaptation de Mirror Teeth de Nick Gill, mise en scène par Laurent Meininger, est une satire mordante de la bourgeoisie occidentale. À travers la famille Jones, la pièce expose avec ironie et cruauté hypocrisie, racisme et violence sociale.
Le texte, à la fois banal et choquant, crée un humour glaçant qui met mal à l’aise. La mise en scène accentue cette tension en enfermant les personnages dans un décor oppressant. Le jeu rythmé des acteurs renforce cette sensation d’absurdité, et Alain Fromager, en père cynique et immoral, est particulièrement marquant.

Avec son humour noir et sa critique acérée, cette pièce dérange autant qu’elle interroge. Face aux dérives du monde, peut-on vraiment continuer à sourire quoi qu’il arrive ?

Joséphine R.

 

De l’humour et de la lumière dans l’obscurité d’un commentaire social.

Souriez quoi qu’il arrive est la mise en scène de Laurent Meininger, fondateur de la compagnie Forget Me Not, de la pièce de Nick Gill de 2008, Mirror Teeth.

Elle a lieu dans le salon d’une famille aisée anglaise, les Jones. L’intrigue débute quand Jenny présente à sa famille Kwesi, son petit ami noir. Des scènes absurdes s’ensuivent, représentant la face cachée, dérangée et dérangeante de la petite bourgeoisie. Des personnages absurdes avec des comportements qui le sont d’autant plus dénoncent la bassesse des classes supérieures, immoraux et incestueux, racistes et ignorants.
Meininger met en scène ce texte d’une manière habile et presque élégante, autant qu’elle peut l’être avec ses thèmes crus et ses personnages sans tabous. La scène est minimaliste, un arrière-plan légèrement mobile, un pouf et un banc de couleurs sobres composent le salon/foyer. Cependant, elle est vivifiée par l’usage de lumières colorées. Même sans changer de lieu, le spectateur est transporté. Ces scènes ponctuées d’une couleur unie qui engloutit l’estrade sont animées par de la musique de synthé toute aussi envahissante. La mise en scène de Meininger est esthétique et cette esthétique est au service du rythme de la pièce.
Le jeu d’acteur est réussi : les comédiens revendiquent pleinement leurs rôles burlesques. Lucile Delzenne dans le rôle de Jenny incarne parfaitement cette « adolescente sexuellement active » et sa complicité avec son frère James est palpable. L’humour est joué en parfaite concordance avec l’ironie et ils s’affrontent à un texte provocateur et convoluté pour servir une mise en scène aboutie.

Un spectacle divertissant.

Estelle T.

 

Souriez quoi qu’il arrive, une pièce à la fois hilarante et profondément glaçante.

La famille Jones semble normale; seule différence, le père est dealer d’armes.

Quand Jenny la plus jeune de la fratrie présente son petit ami noir Kwasi Abolo à ses parents, tout part en vrille, révélant à la fois l’hypocrisie et le racisme de la société et les problèmes qui existent au sein de l’unité familiale occidentale.
Cette pièce est interprétée par 5 acteurs dont une joue deux rôles.
Au niveau des thèmes explorés (l’inceste comme métaphore pour une société corrompue notamment), cette pièce est très pertinente dans le contexte politique actuel, ce qui la rend particulièrement forte. De plus, l’utilisation d’un « plafond » qui se baisse sans que les personnages ne s’en aperçoivent est une bonne métaphore pour la sensation de claustrophobie que les personnages ressentent.
Finalement les lumières et la musique donnent un air à la fois surréel et sinistre au personnages, ce qui est très concordant avec le message de la pièce.

Déroutant, grossier et cruellement ironique, une pièce qui vous retournera la tête.

Mathilda VB.

 

Souriez quoi qu’il arrive, décrit la réalité des sociétés occidentales ironiquement, et de façon cruelle. Mise en scène par Laurent Meininger, reprenant le texte original de Nick Gill, la pièce dévoile les faces cachées des Jones.

La famille Jones semble être une famille parfaite ou presque parfaite, mettant en avant la vie quotidienne de James et Jane, un couple anglais stéréotypique, vivant avec leurs enfants Jenny et James.
Les choses changent quand Kwasi Abolo le petit ami d’origine africaine de Jenny, rencontre la famille Jones, révélant leurs secrets hideux et noir. La pièce explore donc différents thèmes, dont l’inceste, le racisme, et l’hypocrisie. De plus, les désirs cachés de tous les personnages se manifestent seulement durant la nuit, faisant également allusion à la théorie de l’inconscient, le refoulement des passions, et le complexe d’Œdipe.
L’arrière-plan renforce les personnages et leurs personnalités, l’utilisation de couleur neutre comme le beige permet de faire ressortir le plafond illuminant les personnages de haut—donnant l’effet d’une maison retro des années 80. De plus les costumes élégants, revisitant les Bell Bottom classique, et les jupes à carreaux, qui sont symboles de la civilisation, s’opposent à la nature machiavélique des personnages.
Les acteurs jouent exceptionnellement bien leurs rôles, notamment celui de Jenny joué par Lucile Delzenne la jeune adolescente « sexuellement active », qui est aux centres des moments gênants de la fratrie, insistant toutefois sur l’émotion attendue de la part des spectateurs.

Une pièce surprenante, choquante, et révoltante. Toutefois réelle, mais également satirique.

Faryal A.

 

Dans sa pièce souriez quoi qu’il arrive, Nick Gill décrit avec un humour mordant le quotidien d’une famille anglaise traditionnelle.

Il nous dépeint sans ménagement un tableau écœurant mêlant racisme, inceste, sexisme et une capacité impressionnante à voir le danger chez les autres alors qu’il foisonne dans son propre foyer. Cette pièce provoque chez le spectateur un juste équilibre entre rire et malaise qui sert parfaitement bien le propos.

Tout ceci est appuyé par la mise en scène de Laurent Méninger, par moments très sobre, soulignant ainsi le classicisme de la « bonne » famille britannique, et à d’autres moments beaucoup plus colorée, avec des jeux de lumière créant des images très esthétiques. Ces scènes semblent être l’occasion pour  les personnages de se laisser submerger par leurs vices dans ce qu’ils ont de plus sordide.

Cette pièce est une critique authentique et très comique de la soi-disant perfection des familles traditionnelles et de leur hypocrisie affligeante. À aller voir sans hésitation!

Anouk DO.

 

“Mais la vie est belle…”

Chez les Jones, famille anglaise parfaitement normale composée par James, Jane, Jenny et John, tout est parfaitement normal : pendant que la mère cuisine le dîner, le père vend des armes aux gangs locaux et leur fille, une normale “lycéenne de 18 ans sexuellement active”, a des relations presque incestueuses avec son frère lorsqu’il revient de l’université. Ce parfait équilibre est violemment basculé lorsque cette dernière commet l’irréparable: elle présente à sa famille son petit ami Kwesi, nom qui selon la mère “sonne africain”, qui est noir. Les Jones ne sont pas racistes, non, mais quel danger c’est d’accueillir chez soi un étranger comme ça!

Laurent Meininger n’a peur de rien: mettant en scène le texte de Nick Gill, il expose haut et fort les tabous qui régissent l’apparence parfaite de la classe moyenne anglaise. Inceste, racisme, manque total d’éthique, xénophobie, rien ne manque a cette famille aux répliques effrontées dont l’absurdité dénonce une réalité on ne peut plus vraie: la banalité du mal. Du texte au jeu des acteurs, tout est « too much » dans la bonne mesure, et les décors, bien qu’assez simples, rendent bien l’idée du drame: les rideaux dégringolent peu à peu et le le tapis qui représente le sol de la maison se rapetisse au rythme de la descente progressive du plafond, qui finit par écraser littéralement les personnages.

Une critique sociale fervente exprimée par les meilleurs biais qui soient: l’absurde et le rire.

À voir absolument !

Maria Giulia C.