Style : Théâtre
On aime : #réflexion #originalité de la scénographie
En deux mots : Les jeunes et les réseaux sociaux
Y aller
TQI – Manufacture des Oeillets / 1 place Pierre Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté
Nos critiques
Conception et mes Emilie Anna Maillet
Vu par Raffaella S.K., Elohina N. et Elise D.S.
Un spectacle interactif et à suspense qui fait réfléchir sur la place que prennent les réseaux sociaux dans la vie des adolescents.
Pendant une soirée, un ado filme des scènes intimes et privées. Durant les jours qui suivent, son groupe d’amis les découvre et essaie de démêler le vrai du faux et de faire tomber les masques des autres, tout en luttant contre eux-mêmes et leurs pulsions d’adolescents perdus et seuls derrière leurs propres masques.
La pièce vise à mettre en garde contre l’usage dangereux et intrusif des réseaux sociaux, en les plaçant au cœur de l’intrigue et de la mise en scène. Celle-ci est constituée d’un velum noir qui permet de projeter des extraits de conversations sur des groupes en lignes, des lives ou des parties de jeux vidéo entre les personnages.
Grâce à la relation entre le public et les personnages, en tant que spectateur, on se sent inclus dans le déroulement de l’histoire et on peut observer et analyser les interactions. La musique, parfois oppressive, le décor toujours changeant et la présence des écrans créent une atmosphère très particulière pas souvent caractéristique d’une pièce de théâtre mais qui fonctionnent extrêmement bien, mettant parfois le spectateur mal à l’aise, comment se sentiraient les personnages.
Drôle, enrichissante et provocatrice, j’en suis ressortie toute retournée.
Raffaella S.K.
La pièce To like or not présentée au théâtre des Quartiers d’Ivry est une exploration audacieuse des dynamiques des relations humaines à l’ère numérique. L’œuvre, à la fois contemporaine et percutante, aborde la question de l’authenticité des interactions à travers le prisme des réseaux sociaux.
Dès l’ouverture, le public est plongé dans un univers où la superficialité des « likes » et des partages prend le pas sur les émotions réelles. Les personnages, habilement interprétés, naviguent entre la recherche de validation en ligne et le désir d’une connexion authentique. Le jeu des acteurs, énergique et sincère, parvient à rendre palpable la tension entre ces deux mondes. La mise en scène est dynamique, jouant avec des éléments visuels qui rappellent l’esthétique des plateformes numériques. Les transitions entre les scènes sont fluides, et les moments de comédie s’entremêlent à des réflexions plus profondes sur la solitude et l’isolement. Cependant, la pièce ne tombe pas dans le piège de la critique unidimensionnelle. Elle invite le public à réfléchir sur sa propre consommation des médias sociaux et sur la manière dont cela influence ses relations. En fin de compte, To like or not est une œuvre qui résonne avec notre époque, offrant à la fois du divertissement et une réflexion sur l’impact des technologies sur notre humanité.
Un spectacle à ne pas manquer pour ceux qui s’interrogent sur le sens des interactions modernes.
Elohina N.
L’image d’une jeunesse en quête de reconnaissance dans toute sa beauté fragile.
Dans sa pièce To like or not / Crari or not, Émilie Anna Maillet brosse le portrait d’une adolescence en crise en suivant, pendant les jours qui suivent “la soirée d’Alma”, un groupe d’amis d’une quinzaine d’années, chamboulés par les révélations et nouveaux secrets occasionnés par la fête.
Se déroulant autant sur scène que sur les réseaux sociaux, l’intrigue est développée en différents temps : premièrement, la découverte des personnages dans une mini-série disponible sur Instagram à visionner au préalable, ensuite, l’évolution des uns par rapport aux autres au long de la pièce à proprement parler et enfin, une immersion totale dans la peau des personnages lors d’une expérience à réalité virtuelle dans laquelle on découvre après coup les événements de la fameuse soirée.
Les questions de l’image de soi et de l’image renvoyée au monde sont centrales dans cette pièce où l’on est confrontés à des thèmes comme l’homophobie, la dysmorphie, la grossophobie ou encore l’isolement, la dépression, les vagues de haine et le harcèlement, phénomènes amplifiés par la recherche du “like” et l’emprise qu’ont les réseaux sociaux sur la santé mentale de ses utilisateurs. Le spectateur doit savoir démêler le vrai du faux, au même titre que les personnages, découvrant en même temps qu’eux de nouvelles informations, essayant de les relier, de comprendre ce qui s’est réellement passé, de se faire une opinion en usant de son esprit critique : les réseaux causent-ils la création de lien ou de l’isolement ? où tracer la ligne entre les blagues entre amis et le harcèlement ? à quel point la recherche d’une figure idéale inatteignable peut-elle impacter et obnubiler de jeunes personnes en formation? Autant de questions que de thèmes sociétaux affectant la nouvelle génération, différente par la technologie qui l’entoure, encore neuve, inconnue des générations précédentes et dont on découvre tout juste les effets.
Cette omniprésence de la technologie avec les réseaux sociaux, jeux vidéos, etc. est dépeinte grâce à des projections sur les murs de ce que voient les personnages sur leurs écrans et la participation à un « live » pour ouvrir, immergeant le spectateur dans ce milieu presque étouffant rempli de textes, de couleurs criardes et de sons. La représentation de la jeunesse des protagonistes passe, quand à elle, par leurs tenues et leur langage, très caricaturaux, peut être un peu trop : elle peut faire tourner la pièce au ridicule, détourner le spectateur de l’objectif éducatif premier ou créer une réticence chez le public adolescent qui pourrait voir cette exagération comme une incompréhension de sa situation voire même de la moquerie. Pourtant c’est ce même ridicule qui amène une fraîcheur et d’espoir dans le tableau de l’effondrement de ce groupe d’amis, rendant ce spectacle touchant et tendre, permettant à chacun de se reconnaître un peu dans chacun des personnages. Ce sentiment de reconnaissance du mal-être adolescent est accentué lors de l’expérience à réalité virtuelle, prolongeant le sujet de la pièce dans la vraie vie au travers d’une activité ludique et originale.
Une expérience tout à fait hors du commun qui brise les codes, à voir absolument !
Elise D.S.