Style : Théâtre et marionnettes
On aime : # scénographie # texte
En deux mots : La tragédie de Nora Helmer transcendée par des marionnettes géantes
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ROND POINT / 2bis av Franklin D. Roosevelt 75008 Paris
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté
Nos critiques
Texte Henrik Ibsen mes Yngvild Aspeli et Paola Rizza
Vu par Juliette N. & Mélodie B., Mathilde P. et Adam L.
« Je ne crois plus au miracle. »
Cette phrase résonne comme un glas dans l’adaptation magistrale d’Une maison de poupée par Yngvild Aspeli et Paola Rizza. Ce spectacle transcende les frontières du théâtre traditionnel pour offrir une expérience sensorielle inédite.
Dès l’ouverture, le décor sombre et lugubre d’un appartement bourgeois du XIXᵉ siècle nous plonge dans l’univers oppressant de Nora Helmer. Les marionnettes à taille humaine, métaphores saisissantes de l’illusion que Nora a elle-même construite, incarnent son mensonge : une quête désespérée de perfection pour préserver sa famille et satisfaire les attentes de son mari. À mesure que cette illusion s’effondre, des araignées grotesques envahissent la scène, symbolisant la culpabilité et le poids de ses tromperies, jusqu’à ce qu’elle soit littéralement « rongée » par son propre mensonge.
La mise en scène est sublime : les effets spéciaux, invisibles à l’œil nu, renforcent le réalisme, rendant la descente aux enfers de Nora encore plus tangible. La bande sonore – avec ses violons dissonants, pianos désaccordés et respirations humaines – crée une tension oppressante, amplifiant chaque étape de la chute de Nora.
Cette adaptation n’est pas seulement une exploration des conventions sociales oppressives : elle est une plongée déchirante dans les méandres d’une illusion personnelle, celle d’une femme qui sacrifie sa propre existence pour un bonheur artificiel. Ce mélange d’art visuel, de musique, et d’une histoire bouleversante dépasse tout ce que nous avions vu auparavant.
Un chef-d’œuvre théâtral qui hante et éblouit, en rendant hommage à la complexité et à la tragédie de Nora Helmer.
Juliette N. & Mélodie B.
Une réinvention du théâtre de marionnettes au service de l’émancipation féminine.
Une maison de poupée est une adaptation du classique norvégien d’Henrik Ibsen par Yngvild Aspeli. En anglais, la pièce aborde des problématiques et thèmes universels comme la liberté ou encore l’émancipation féminine.
Avec l’acteur-marionnettiste Viktor Lukawski, Yngvild Aspeli mêle marionnettes et jeu d’acteur en donnant vie à plusieurs personnages dans la maison des Helmer. Pour sauver son mari, Nora doit emprunter de l’argent illégalement. Prisonnière de sa condition dans la société étriquée de la Norvège du XIXème siècle, elle se retrouve en grande difficulté. La pièce prend alors une tournure sombre accentuée par les effets de son et de lumière. Humains et marionnettes se confondent en un habile mélange entre illusion et réalité, créant une atmosphère anxiogène.
La mise en scène d’Yngvild Aspeli et Paola Rizza offre un exemple inédit de théâtre de marionnettes destiné à un public adulte. Contrairement à ce que le titre peut laisser croire, cette maison de poupée est un lieu de cauchemars dont le personnage principal essaie de se libérer. L’usage de marionnettes accentue la réification du personnage principal et montre son enfermement d’une manière percutante.
Vaut le détour pour sa mise en scène impressionnante !
Mathilde P.
Une vie de pantin brisée pour renaître en liberté
Dans Une maison de poupée, le chef-d’œuvre d’Ibsen s’imprègne d’une puissance visuelle et émotionnelle grâce à un usage audacieux des marionnettes. Cette relecture explore les illusions de la vie conjugale et la quête d’émancipation de la femme.
Le spectacle débute dans un décor chaleureux et éclatant, un foyer cossu illuminé par les festivités imminentes de Noël. Un sapin orne la scène, de grands rideaux jaunes encadrent l’espace, et Nora semble radieuse, heureuse. Pourtant, quelque chose ne tarde pas à nous interroger : les personnages qui l’entourent sont des marionnettes rigides, étonnamment froides. L’atmosphère se trouble alors progressivement. Les rideaux cèdent la place à une vitre où viennent se heurter les peurs incarnées de Nora, comme des araignées, qui deviennent de plus en plus grosses et menaçantes.
Les deux comédiens de la pièce incarnent parfaitement Nora et son mari, mettant en lumière le quotidien d’une femme confrontée à de multiples oppressions.
Le public reste captivé tout au long du spectacle, jusqu’au moment tant attendu où Nora, enfin libre, s’en va, un oiseau niché dans ses mains. La musique, auparavant discordante, s’adoucit, symbolisant une harmonie retrouvée. Une œuvre magistrale et visuellement bouleversante, où chaque détail, des ombres aux sons, sublime cette odyssée intérieure.
Une performance de haut vol !
Adam L.