Style : Théâtre contemporain
On aime : #Scénographie #Liban # Histoire
En deux mots : Une noce libanaise en pleine guerre… Un regard autobiographique plein d’humour
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Théâtre de la Colline / 15 Rue Malte-Brun Paris 20e
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté
Nos critiques
texte et mes Wajdi Mouawad
Vu par Anouk F.A., Lena H.C et Faryal A.
Journée de noces chez les Cromagnons nous plonge dans le quotidien d’une famille libanaise qui prépare le mariage de sa fille narcoleptique en pleine guerre civile.
Le jeu extrêmement touchant des acteurs et le décor sobre, une maison comme une boîte de bois posée, penchée, sur laquelle lumières et saisons sont projetées, font prendre vie à la pièce que Jean, exilé, écrit sur ce pays qu’il a quitté et cette guerre qu’il a peu vécue. Ce dernier incarne l’expérience même de Wajdi Mouawad, auteur et metteur en scène de Journée des noces chez les Cromagnons. Par la fenêtre au fond du décor, on voit Jean essayant d’en apprendre plus sur sa langue, sur la guerre, fenêtre qui matérialise aussi le regard du jeune homme sur la famille qu’il raconte, Jean finissant par la traverser et par rentrer dans sa mise en scène. Sous les bombardements et l’orage, on voit le foyer, marqué en son sein, dans ses échanges, dans ses espoirs, par les attaques à l’extérieur. Au-delà de la peine et de la souffrance, on retient de la pièce la vitalité et la justesse des dialogues et des personnages, qui nous emportent et nous font rire.
Une pièce à découvrir absolument !
Lena H.C
L’un des premiers textes qu’il a écrit et le dernier qu’il mettra en scène à La Colline avant son départ de la direction du théâtre, dans la pièce Journée de noces chez les Cromagnons, Wajdi Mouawad raconte dans un Liban en guerre, une famille qui s’affaire à organiser le mariage de la fille aînée, malgré l’absence de fiancé, les coupures d’électricité et les bombardements.
Cette tragi-comédie mêle humour absurde et tension dramatique, reflétant les thèmes chers à Mouawad : l’exil, la mémoire familiale et la résilience face au chaos. La scénographie d’Emmanuel Clolus, avec ses murs fissurés et son espace confiné, symbolise l’effondrement d’un monde, tandis que la création sonore d’Annabelle Maillard intensifie l’atmosphère oppressante. Les comédiens, majoritairement libanais, livrent des performances poignantes, notamment Aïda Sabra en mère protectrice et Aly Harkous le fils, dit fou, mais traumatisé par la guerre, dont la fin est cruellement poignante. Bien que la pièce révèle parfois les hésitations d’une œuvre de jeunesse, elle offre une immersion saisissante dans une réalité où l’absurde côtoie le tragique. Un spectacle émouvant et pertinent, qui résonne particulièrement dans le contexte actuel. La guerre au Liban a commencé le 13 avril 1975, aujourd’hui cela fait 50 et quel spectacle touchant et déchirant à la fois pour nous rappeler ce terrible anniversaire.
Anouk F.A
« Et je fais des vœux pour que nos fils ne voient plus jamais de guerre. » -Guy de Maupassant…
Journée de noces chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad dessine le portrait d’une famille libanaise qui prépare les noces de leur fille aînée, narcoleptique, Nelly, malgré la guerre imminente — cependant, Nelly n’a pas de fiancé.
Tout semble « normal » au sein de la famille des « Cromagnons », or le fait d’ignorer la guerre en elle-même n’est pas normal. Les bombardements, les attentats, la terreur et l’atmosphère angoissante, remplie de peur… Vivre une journée de plus revient donc à se cacher des attaques et de la vérité, à travers l’ironie tragique et la comédie, qui sont une manière de s’échapper d’une réalité brute, peut-être invivable.
Nelly (jouée par Layal Ghossain) le fait en s’endormant, Nazha (jouée par Aïda Sabra) en se divertissant dans son quotidien, Neel (joué par Aly Harkous) en écoutant sa mère.
La maison, quant à elle, est sur le point de s’effondrer : le Moulinex ne marche pas, les patates sont trop molles, et l’orage ne cesse jamais. Le décor marque un contraste étonnant entre les dialogues et chants chaleureux en arabe, et le tonnerre des éclairs. La lumière du jour et la nuit pesante ne sont visibles qu’à travers les fenêtres et les portes ouvertes.
Une pièce inoubliable, émouvante, qui vous oblige à penser.
Faryal A.