Des jeunes et des lettres

Florilège des retours de lecture

Les 4 finalistes du Grand Prix
Le coup de DJL 

 Mon cœur Pauline Bureau (Acte Sud-Papiers)  

« Histoire touchante et révoltante ! »
« Rien que le thème du Médiator ne peut nous laisser insensibles… »
« L’histoire m’a touché et on ressent l’attachement de l’auteur à son sujet tout comme sa volonté de respecter l’histoire des personnes dont elle s’inspire.
Le texte discute de sujets de société forts que sont la santé publique et la prépondérance des lobbies. »
« Réalité qui passe très bien à la scène, et à un rythme soutenu (suspens à l’œuvre), parce que ce sont de fortes revendications intimes, sociales, qui mêlent une argumentation percutante au récit de vie de Claire dans sa vulnérabilité, le peu de personnages essentiels étant soigneusement esquissés. Chaque discours garde son authenticité dans le trivial comme dans la rhétorique, ce qui le rend d’autant plus efficace. »
« Une écriture sobre, plus proche d’un rapport judiciaire que d’une pièce à émotions. Cela rentre dans le cadre du réalisme imposé par le thème et permet d’éviter les grandes victimisations que l’on aurait pu s’attendre à lire lorsque l’on entend que c’est une pièce sur les ravages du Médiator. »
« Dans Mon cœur  l’originalité et la complexité des personnages se trouve dans le fait qu’ils soient très réels, ce qui est logique mais n’a pas forcément dû être un travail simple. »
« L’histoire m’a beaucoup touché et je trouve ça absolument inhumain que de tels actes ait été permis par l’Etat et certains docteurs (sans parler des laboratoires ayant crée le Médiator). Le réalisme de certaines scènes est impressionnant, surtout le passage où l’on opère Claire qui m’a donné l’envie de vomir ! La vie de Claire et d’Inès est un vrai combat contre l’injustice de notre société moderne. »
« Histoire poignante parce qu’elle est réelle et toujours très actuelle et méconnue : nécessaire en ce sens, avec la question cruciale de l’impunité des firmes face aux vies impactées, et les ressources d’un tel combat. Elle se rattache tant à des questionnements d’humanité, santé et justice comme de féminité, et autour d’un système éco-politique qui « invisibilise » ces histoires. »
« L’histoire, dénonciatrice de certaines pratiques presque inhumaines et pourtant bien réelles, est très touchante, sans pour autant être (dé)moralisante. »

Le GRAND PRIX

 Tous des oiseaux Wajdi Mouawad (Léméac/Acte Sud’Papiers)

« L’histoire est fascinante… »

« Fluidité très théâtrale entre les narrations et temporalités, et surtout incarnée, grâce à l’écriture autant orale que poétique, équilibrée et intime. Le style m’a paru très original et riche, créant des personnages très en relief et qu’on s’imagine très bien, sans être arrêtés puisqu’ils bougent beaucoup au cours de la pièce. »

« Au fil du livre, je me suis plus intéressé aux questions sociologiques qui sont soulevées par rapport aux conflits entre les peuples et à la définition même de notre identité par rapport à notre appartenance familiale à un courant de pensée ou une religion. »

« Difficile, au début, de s’y retrouver entre tous les personnages, mais une fois qu’on les a cernés, la fatalité de la pièce apparaît et nous entraîne dans le déchirement de toutes les unions possibles. Impossible de ne pas être touché par le drame qu’est cette pièce et l’effondrement de cette famille. »
« Histoire très émouvante, historique et actuelle à la fois, avec des enjeux qu’on ressasse mais ici à la lumière des complexités de l’histoire familiale et des constructions mentales de chacun, les changements qu’il est capable de faire ou non… On s’intéresse à la vérité individuelle dans ces conflits où les deux parties ont tort et le débat est figé : ici la perspective ouvre une voie au dialogue et pousse à penser autrement. »
« Certaines questions posées étaient intéressantes comme celles sur les origines : Est-ce qu’on choisit ce que l’on est ? Ou est-ce qu’on le devient ? »

 La Ville Ouverte Samuel Gallet (Editions Espaces 34)

« Une écriture à mi-chemin entre poésie et théâtre, qui permet de faire le parallèle entre la réalité et le rêve, l’illusion et le mythe. »
« La scène d’exposition pose tout de suite le contexte et nous entraîne dans l’histoire avec trois monologues sur et par chacun des personnages. Puis on passe dans un mélange entre mythe, réalité et rêve dans lesquels les trois femmes vont se retrouver. On a le droit à une belle reprise du mythe de Damoclès et beaucoup de rythme puis de douceur tout au long de la pièce. »
« Un récit intriguant et onirique. »
« Une très belle écriture munie d’un rythme qui facilite la lecture sans pour autant perturber la pénétration dans le monde des rêves des personnages. Ceux-ci, par leur existence dans le même rêve, en occupant différents statuts, reflètent leur complexité de par ce qu’ils auraient souhaité être, accomplir et devenir dans une autre vie. »
« On observe certains travers de notre société mêlés très agréablement pour former un tout qui questionne le monde et les sociétés dans lesquels nous vivons par des thèmes parlant à tous : le rêve, le pouvoir, la vie… »
« J’ai été agréablement surprise par le fait que Samuel Gallet fonde la fable de sa pièce sur trois personnages féminins, ce qui n’est pas souvent le cas. Les mots qu’utilise l’auteur pour dépeindre « le tordu le violent l’insoutenable » de la ville m’ont percuté. À travers ce texte, la dimension du rêve ouvre un champ d’action, des possibilités de vie nouvelle. La question qui nous reste est : Comment agir aussi dans le monde qui est le nôtre ? »

 Transe-maître(s) (Editions théâtrales)

« Le thème de l’histoire a été pour moi une source d’attraction très intéressante dans cette pièce. »
« L’histoire est belle et pose des questions à propos de la langue, de son évolution et de sa pluralité. »
« Style particulièrement unique qui s’invente en dialogue avec une référence historique, et suffit à lui seul à démontrer la puissance du langage et sa fécondité. L’Histoire sous-tend la pièce, qui met en relief dans plusieurs temporalités et narrations des enjeux propres à la colonisation où réapparaît aussi une critique des enjeux de pouvoir en général, de l’école au gouvernement en passant par Dieu : des questions rarement posées ensemble voire tout court, dans le cas de ce passé problématique de la France. »
« J’ai pris beaucoup de plaisir à analyser certains passages avec mes connaissances en sociologie. Le récit est également très connoté politiquement et ouvre une nouvelle dimension théâtrale avec un engagement politique à travers les discours. »
« Une écriture fascinante, qui présente les aspects de la langue française parlée parfaitement mais basée sur une syntaxe étrange. L’auteur a su mettre à profit son thème en utilisant l’écriture inclusive, des prénoms mixtes et une langue qui est propre à sa pièce. »
« La langue du texte est très vivante. J’ai apprécié que chacun des personnages soit coupable et victime à la fois, ce qui laisse entrevoir la complexité et le paradoxe de la nature humaine. En effet, tout le monde est en même temps responsable de ses actes mais en est également l’esclave. »

Les 4 finalistes du Grand Prix JEUNESSE
Le coup de DJL et le GRAND PRIX

 Noircisse Claudine Galéa (Editions Espaces 34) 

« L’histoire peut s’avérer aussi drôle que sérieuse. »

« Le texte a comme volonté de poser des questions de société fortes comme l’immigration ou l’environnement à travers le prisme des enfants. Le thème de la dépression infantile peut aussi être vu à travers le personnage d’Hiver et pourrait expliquer ses réactions et état d’âmes trop « matures ». »
« Le langage fait très enfantin et littéraire à la fois et s’assume comme théâtral, avec des inventions de mots et des erreurs mélangées avec des éruditions réparties par classes : les personnages sont dessinés très en finesse, et très originaux sans devenir irréalistes. Le style est fluide, avec les jeux d’imitation qui donnent de la profondeur. Il est aussi très incarné, et on sent un plaisir pour les mots, la langue vivante et sa plasticité. »
« Cela touche aussi à la prise de conscience d’individus très jeunes qui ne sont écoutés par personne, d’où l’absence d’adultes dans la pièce. »
« Il y avait des moments où j’observais un certain intérêt pour les répliques des personnages que j’ai trouvées très belles, très vraies et qui pouvaient amener à se questionner. »
« Vers la toute fin de l’histoire, j’ai pensé que les personnages étaient morts dans la tempête. J’ai donc été rassuré de savoir que tout se termine bien à la fin. Cela m’a prouvé à quel point les personnages sont attachants. J’ai adoré le principe de noircisser les gens et les choses moches qui nous dérangent, un vrai monde d’enfant… »
« L’histoire est singulière et met en avant l’imaginaire des enfants dans ce qu’il est réceptif des réalités les plus dures. C’est un message pour tous, d’une urgence qu’on retrouve rarement dans les pièces jeunesse, pensée à tort comme un souci d’adultes. Au croisement de « tout » : immigration, environnement, capitalisme et inégalités, familles monoparentales, amitiés/amours, souffrance non entendue… »

 Laughton Stéphane Jaubertie (Editions théâtrales)

« L’enchaînement des événements est comme si l’on tombait dans un escalier sans fin. La langue est vivante, dure, elle pince, pique et pousse toujours le personnage plus bas dans l’escalier. »
« L’histoire est profonde et je pense qu’elle a un double sens. »
« L’idée d’une scène remplie de feuille de papier est assez immédiate ! »
« Le personnage de Laughton, et tous les personnages, sont très bien étudiés et malgré le fait que certains nous paraissent plus coupables que victimes, ils émettent tout de même une certaine sensibilité qui nous pousse à plus les voir comme des personnages de tragédie sur lesquels une fatalité s’abat, que de simples méchants sans intérêt réel. »
« L’histoire est très intéressante et touchante. Elle questionne la société sur la position de l’enfant dans sa famille, vis-à-vis de ses parents, de l’attention qui lui est portée. Laughton nous touche par sa sensibilité, son innocence et la situation familiale dans laquelle il est. La relation qu’il tente d’avoir avec son beau-père qu’il aime comme son père, mais qui reste à sens unique pose également la question des familles recomposées et de ce qui peut se passer dans la tête de l’enfant à ce moment-là. Une très belle histoire autant agréable à lire qu’à faire réfléchir. »
« Le problème est très contemporain et malheureusement commun, il mérite donc qu’on s’y intéresse. »