texte d’Élise Chatauret, Thomas Pondevie et la Compagnie Babel; mes d’Élise Chatauret
Vu par Lilou S.
Comment aborderiez-vous la mort ?
À la vie ! de Élise Chatauret, aborde l’antagonisme du titre : la mort.
Dans un hôpital, plusieurs patients font face à la mort. L’une a un cancer, une autre 83 ans et encore un autre est dans le coma. Les médecins (joués par les mêmes acteurs) doivent prendre des décisions importantes pour la vie ou la mort de leurs patients. On retrouve dans la pièce des citations des plus grands textes du théâtre français.
Ouverture du rideau… sur un rideau ! L’entrée en scène d’une scène nous plonge dans l’ancien théâtre où les acteurs font vivre des mots et des phrases tant connues, comme Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, en simulant des morts sur un matelas posé à terre. Cette entrée en matière est drôle et captivante grâce au pouvoir des acteurs. Acteurs qui diversifient leurs personnages en changeant de costumes. J’ai bien aimé voir les transformations des habits ainsi que la différence de jeu en fonction des rôles tous vivants et divers bien que joués par peu d’acteurs. Bizarrement la musique est stressante tout en étant passablement calme, parfaitement adaptée au thème. Des rideaux servant de mur sont déplacés en fonction des scènes afin de représenter de multiples salles. Lorsqu’un de ces lieux est créé une ingénieuse lumière éclaire uniquement cet espace d’un blanc qui rappelle dans quel bâtiments nous nous situons (l’hôpital). Toute la scène est utilisée de manière égale, ce qui est agréable au regard.
Un spectacle touchant et intéressant notamment dans le contexte sanitaire actuel. A voir !
vu par Berkant A.
Mourir sur scène, une pièce très vive et profonde : A la vie…
Dès le départ, nous sommes plongés dans “la mort drapée en noir d’une scène de théâtre” comme écrit Copi dans sa comédie Une visite inopportune.
On témoigne aux humains qui s’envolent un par un de la vie. Les patients en attente de leur mort s’interrogent sur le sens de la vie et ce qu’elle leur a apporté. Les comédiens et Elise Chatauret révèlent les enjeux qu’amène la vie aux personnages, pouvant être une épreuve brutale ou néfaste dans la vie mondaine ou bien une fuite de leur destin malheureux qui les ferait souffrir encore plus: comme le jeune patient, encore dans la vingtaine, souffrant d’une maladie pulmonaire refuse la seule guérison et se laisse dans les mains de la mort; et une patiente qui avoue ne pas se sentir malade n’est pas loin de l’agonie d’un cancer et décide librement de mettre fin à sa vie par euthanasie en Suisse.
La mort ! Une solution plus raisonnable pour ces patients que d’attendre le jour de sa mort avec la fragilité de ressentir toutes les douleurs partout dans son corps, de se sentir inutile – qu’il ne serve plus à rien, de ne plus avoir aucun goût à la vie, de ne pas se contempler durant la maladie car on est “moche” dit la jeune patiente qui met un terme à sa vie et de se consoler jusqu’à sa mort en se penchant sur l’idée que notre état de santé n’empire plus, comme c’est le cas de la patiente âgée de 93 ans.
La mise en scène et notamment le texte m’a beaucoup plu, car le sujet de la mort est évoqué par plusieurs types de personnages. On est, dès le début, entouré par des portraits de la mort qui ne sont pas ceux des gens banales mais des caractères des œuvres d’art écrites par les grands du théâtre et de la littérature comme Edmond Rostand, Victor Hugo, Tchekhov, Shakespeare, Racine, Eschyle, Corneille, Ibsen, Euripide, Molière, Copi, Sophocle, Ionesco, Sarah Kane. La mise en scène d’Élise Chatauret nous installe au milieu d’un établissement hospitalier en créant une atmosphère froide et lumineuse où les médecins avouent aux patients inconscients ce qui se passe dans leur corps et comment ils s’approchent de plus en plus de l’agonie et de la mort. Personne n’y échappe, car c’est la nature de l’homme. C’est pourquoi j’ai eu un sentiment étrange dévoilé par la mise en scène. Elle était aussi simple que la mort très simple de l’être cher : les rideaux bleus qui touchent le sol et les marbres énormes banales au sol donnent l’air très froid à cette scène. Les personnages lèvent leur verre à la fin et saluent la dame qui décide de mettre fin à sa vie par l’euthanasie. Plusieurs vœux de santé suivent la phrase : « À la vie…”
Une pièce interrogeant “la fin de vie” dans la société actuelle en passant par des personnages qui envient la mort. Je vous la recommande fortement. A la vie…
vu par Crina M.
Un spectacle exceptionnel, léger qui amuse à la fois le public tout en soulevant les grandes questions éthiques et légales posées par la question de la fin de vie aujourd’hui en France.
Les acteurs jouent deux rôles à la fois : celui du patient et celui du médecin. Cyrano, Phèdre, Hamlet, Médée et Juliette sont placés dans le cadre d’un hôpital tout au long de la pièce. Dans cet hôpital on assiste à une lutte des patients entre vaincre la maladie et en sortir vivant ou se laisser noyer par la maladie et mourir. Plusieurs histoires se superposent, confrontant un malade plus ou moins en fin de vie, ses proches et une équipe médicale. Parmi elles, Madame Viraben fait face à un diagnostic terrible, Monsieur Lévine a le cœur si fatigué qu’il a du mal à respirer, Madame Chamfort a 96 ans et veut que ça s’arrête, Mehdi Lacaze est atteint d’une mucoviscidose qui gagne du terrain. Les personnages doivent prendre des décisions concernant leur état mais quelle décision prendre ? Transplantation des poumons ou pas ? Sédation ou rester en vie en agonie ? Une autre question que la pièce soulève est de savoir si les médecins font tout le possible pour sortir leurs patients de cette maladie ?
Le décor et le jeu des acteurs sont au début confus mais tout se concrétise peu à peu. Le décor en général est simple et permet de situer le spectateur facilement dans l’histoire. On a un décor qui est souvent modifié : une chambre de repos au lointain, une salle d’attente du côté cour de la science ou encore un lit d’hôpital qui est déplacé tout au long du spectacle.
Puisqu’un acteur joue deux rôles, il change de costume en fonction de qui il joue. Le jeu des acteurs est exceptionnel notamment par le fait qu’un acteur soit il joue le rôle du médecin et il porte une blouse avec un stéthoscope attaché au cou, soit il va porter des habits simples. La musique et les bruitages apportent une dimension dramatique à l’histoire et à la pièce.
Une pièce formidable qui laisse place à l’analyse et à la philosophie personnelle !