Après la répétition/Persona au Théâtre de la Ville jusqu’au 24 nov.

Après la répétition/Persona au Théâtre de la Ville jusqu’au 24 nov.

 ♥ ♥ ♥ ♥
© Vincent Bérenger

Style : Théâtre
On aime : #scénographie  #jeu théâtral
En deux mots : Réflexion sur le lien théâtre et réalité

Y aller
Théâtre de la Ville/ 2, Place du Châtelet 75004 Paris
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté

Nos critiques

Texte Ingmar Bergman mes Ivo Van Hove

Vu par Léo S.

Quand Ivo Van Hove s’empare du cinéma pour interroger le théâtre

Après la Répétition/Persona est un spectacle en deux temps : Ivo van Hove a choisi de mettre en scène ces deux films d’Ingmar Bergman dont les personnages centraux ont un lien avec le monde du théâtre. Dans Après la Répétition, un metteur en scène vieillissant s’interroge sur son travail qui a été toute sa vie et son rapport avec deux comédiennes, une jeune, qu’il désire, et une âgée, qui fut sa maîtresse :  la question du rapport entre théâtre et vie et celle du vieillissement sont ainsi au centre de la pièce. Persona est l’histoire d’une relation entre une « folle » et son infirmière. La « malade » est une ancienne actrice qui a décidé de ne plus parler, l’infirmière est une toute jeune femme très discrète. Les deux femmes vont vivre ensemble dans une villa au bord de la mer, l’une volontairement muette, l’autre, racontant des anecdotes à la comédienne pour meubler le silence (notamment une très intime qui est sa première relation sexuelle). Quand l’infirmière se rend compte que la comédienne a tout raconté dans une lettre, la relation entre les deux femmes se tend à l’extrême puis revient au calme apparent. Dans cette pièce, la question du vieillissement de l’actrice est posé ainsi que son rapport à la réalité : liens tissés entre les deux parties.

Si la scénographie de Dans la répétition est très classique (une loge dans un théâtre), celle de Persona est magnifique et onirique : une étendue d’eau et quelques îlots secs où les jeux de lumière sont magistraux.
Une scène est particulièrement belle : les deux femmes dansent sous la pluie et rient. Elles n’avaient jusqu’alors aucune relation, mais trouvent là un moyen de communiquer autrement que par la parole : grâce à la danse sur l’eau, et donc au mouvement de leur corps, les deux femmes créent une réelle relation. Est-ce une forme d’éloge de l’art (ici la danse) qui peut permettre d’exprimer des choses ineffables ?

Les deux comédiennes sont exceptionnelles : Emmanuelle Bercot, la comédienne vieillissante et malheureuse, extravertie de la première partie, est la comédienne malade et muette, tout aussi malheureuse et égocentrique, de la seconde partie : flot de paroles dans l’une, corps seul dans l’autre ! Magistral ! Justine Bachelet, la jeune comédienne puis l’infirmière, est, quant à elle, toute en retenue dans les deux pièces. Son jeu est étonnant : elle semble extérieure, elle fait des pauses dans le texte à des moments qui paraissent inopportuns, et pourtant le tout sonne merveilleusement juste. On voit toute l’innocence du personnage, ce qui le rend très touchant, un personnage en doute notamment dans la scène où elle s’énerve légitimement contre la comédienne qui a envoyé la lettre puis s’en veut. Tout au long de la pièce, la relation entre elles est extrêmement belle, entre tension et amour, dans un silence magique.

Un spectacle qui interroge notre rapport entre l’art et la vie, un spectacle d’une très grande beauté.

Laisser un commentaire