Style : Théâtre
On aime : # scénographie # jeu des comédiens
En deux mots : Les rêves de théâtre déçus d’une jeunesse provinciale russe
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Théâtre de la Ville – Abbesses/ 31, Rue des Abbesses 75018 Paris
Tarif : Billetterie / Pass culture accepté
Nos critiques
Texte Anton Tchekhov mes Brigitte Jaques-Wajeman
Vu par Erwan D. et Nora T.
Une très belle mise en scène de La Mouette de Tchekhov par Brigitte Jaques-Wajeman au Théâtre de la Ville-Abbesses.
Dans une datcha de la campagne russe bordée d’un magnifique lac, la famille d’Irina Nikolaïevna, actrice et tragédienne renommée, se prélasse. Son fils Konstantin y décide de créer un nouveau genre de spectacles, obnubilé par la nécessité de créer de « nouvelles formes » pour sortir du lieu commun dans lequel le théâtre se serait enlisé. Sa pièce étant raillée par sa mère, Konstantin tombe peu à peu dans un état d’apathie généralisé, offrant une mouette morte à Nina, seule comédienne de sa pièce, qu’il aime. Nina quant à elle tombe amoureux de l’amant d’Irina, Boris Alexeïevitch, écrivain célèbre. Elle adule son art et son mode de vie, si bien qu’ils finissent par devenirs amants. Après ces évènements, une ellipse nous transporte quelque années plus tard. Boris s’est alors remis avec Irina, et Nina quant à elle, a perdu un enfant et ne connaît même pas une fraction du succès dont elle rêvait dans le milieu théâtral. Apprenant tout ceci, Konstantin met fin à ses jours, et ainsi à la pièce.
Celle-ci est ponctuée d’une musique mélancolique que Konstantin jouerait dans une autre pièce, manifestant ainsi d’une manière touchante et vive sa souffrance. Par ailleurs, le décor se révèle être un symbole du délabrement qui envahit lentement le foyer d’Irina Nikolaïevna, femme extravagante, indéniablement belle, mais très critique vis-à-vis de son fils. En effet, la scène est pourvue elle-même d’une petite scène en bois, dont les blocs, petit à petit, se disjoignent, accentuant la mise en abyme théâtrale. Le théâtre sur scène se délite à mesure que la pièce se déroule, et cette idée de chute est reprise par le personnage de Nina, d’abord heureuse de jouer dans une pièce, puis, à la fin, désillusionnée par le poids des années et un amour qui l’a brisée. Ainsi, la tragédie est portée par un jeu tantôt comique tantôt sincère et désespéré, qui fait progresser presque mécaniquement le destin des personnages. Irina est en cela très remarquable, étant la source des malheurs de son fils, mais très appréciable par ses manières excentriques et grandioses.
A voir sans hésiter !
Erwan D.
Je suis une mouette. Non ce n’est pas ça. Je suis une actrice.
La pièce raconte l’histoire de Konstantin, jeune homme rêvant de devenir écrivain, amoureux de Nina, jeune femme rêvant de gloire et d’être actrice; il lui dédie une pièce de théâtre, qui est représentée devant la famille de Konstantin. Mais Irina, sa mère, célèbre actrice, ne le prend pas au sérieux et son fils, blessé et en colère, quitte le théâtre. Pendant ce temps, Nina tombe amoureuse de Trigorine, célèbre écrivain, et finit par s’enfuir avec lui, laissant un Konstantin fou de désespoir. Dix années, plus tard, on le retrouve écrivant à son bureau et publiant quelques textes mais n’ayant jamais oublié Nina et toujours aussi malheureux. Entre temps, on apprend que Nina a connu bien des malheurs et est maintenant tombée dans la pauvreté et le chagrin. Mais qu’elle n’est pas la surprise de Konstantin qui retrouve Nina chez lui ! S’ensuit une longue scène où le jeune homme hurle enfin sa passion à la femme qu’il aime. Mais celle-ci lui avoue qu’elle aime encore Trigorine et s’enfuit. La pièce se finit par la tragique nouvelle du suicide de Konstantin.
La mise en scène sobre et intime souligne parfaitement le jeu brillant des comédiens. Une bonne diction, une magnifique maîtrise de leur ton et de leur corps complète l’ensemble. La pièce vous tirera des larmes, des éclats de rire, de la colère et vous ne verrez pas le temps passer ! Konstantin arrive incroyablement bien à nous faire parvenir sa folie amoureuse et la prestation de Irina, mère de Konstantin, est comme une bouffée d’air frais. On tremble à chaque réplique, les souhaits de chacun des personnages nous touchent au plus profond de notre être. Une pièce certes tragique mais à voir, vous transportant dans de profondes réflexions sur la création, la gloire, l’amour…
A ne pas manquer !
Nora T.