Des jeunes et des lettres

Critiques TREMPLIN 1 Petit Eyolf

Les jeunes de TREMPLIN 1 s’initient à l’exercice de la critique… Les meilleures sont publiées sur cette page

Petit Eyolf au Théâtre des Quartiers d’Ivry est une pièce d’Henrik Ibsen, mise en scène par Sylvain Maurice.

L’histoire tourne autour d’Eyolf, un petit garçon de neuf ans qui se noie dans le fjord.
Ce drame déclenche une crise au sein du couple, remettant en question les équilibres et les volontés. Comment se reconstruire après une telle catastrophe ?
Les personnages cherchent à inventer une nouvelle existence.

Le ciel, l’eau, la montagne qui s’élève et la mer qui ouvre à des abîmes sont des symboles présents. Le passé laisse sa marque sur le présent. Les grands yeux d’Eyolf restent ouverts dans l’eau comme dans le coeur de ses parents. La mort, telle une grande vague, emporte tout, mais une étincelle de lumière peut permettre la renaissance et la reconstruction.

La mise en scène de Sylvain Maurice s’appuie sur les dialogues et relations tissés par le texte. L’amour conjugal et l’amour filial se livrent une bataille trouble et malsaine, où affleurent les non-dits et une toxicité diffuse. Les acteurs composent avec leurs pulsions, encaissent la vérité et opèrent une transformation d’eux-mêmes.
Cette œuvre d’Ibsen, en trois actes, avance vers un futur de possibles renaissances.

La musique moderne, les costumes contrastés, simples et austères pour les adultes, farfelus pour le jeune Eyolf et la Dame aux rats, les décors tout autant imposants qu’épurés et les jeux de lumière créent une expérience captivante pour le public.

Un spectacle exceptionnel à ne pas manquer !
Martin L.M.

Le Petit Eyolf, l’évolution du deuil dans une famille fragile, dans un cadre pur et calme.

Une pièce d’Henrik Ibsen, mise en scène de Sylvain Maurice au Théâtre des Quartiers d’Ivry.

Un jour, en Norvège, une famille tout juste réunie se heurte à un drame : l’enfant Eyolf, handicapé de la jambe, se noie dans le fjord. Le corps reste introuvable, et le deuil infaisable. L’accident met en lumière des fissures antérieures de la relation entre les parents. Le père, Alfred, veut s’éloigner de sa femme Rita, lorsqu’elle a le plus besoin de lui. La culpabilité, au cœur de l’intrigue, ronge les partenaires, qui s’accusent à tour de rôle de la responsabilité de cette mort. Par ailleurs Alfred éprouve secrètement des sentiments pour sa sœur Asta, mais il découvrira par la suite qu’aucun lien de parenté ne les unit. Alors que le visage de leur enfant est omniprésent, les parents tentent de vivre la vie à nouveau.
Grâce à une approche délicate et épurée, ce sujet complexe et sérieux du deuil d’un enfant transforme la lourdeur en empathie. On se retrouve immergé dans la nature : on admire les horizons du lac grâce à un sol miroitant, le lever et le coucher du soleil grâce à un fond lumineux peignant des nuances de couleur, on écoute les silences et les bruits des oiseaux grâce aux ambiances sonores. On pourrait presque ressentir le froid norvégien, ou bien ces frissons viennent-ils du jeu prenant des comédiens ? Car voir la douleur déformer leurs visages et leurs voix est absolument bouleversant.

Une pièce pleine de réflexion qui étudie le dysfonctionnement d’une famille suite à la perte d’un membre central, un propos servi par une atmosphère très forte, naturelle et moderne.
A découvrir pour une séance de réflexion !
Valentine A.