Des jeunes et des lettres

Critiques TREMPLIN 1 Le bourgeois gentilhomme

Les jeunes de TREMPLIN 1 s’initient à l’exercice de la critique… Les meilleures sont publiées sur cette page

Le Bourgeois gentilhomme / 3 textes bien réussis

Texte de Molière, musique originale de Lulli, mes Valérie Lesort et Christian Hecq, musique de Mich Ochowiak et Ivica Bogdanic, Comédie Française

Un M. Jourdain haut en couleurs !

Valérie Lesort et Christian Hecq nous livrent un Bourgeois Gentilhomme contemporain, surprenant, vivifiant, plein d’humour et complètement débridé.
Jourdain, riche bourgeois, s’est mis en tête de devenir un gentilhomme : cours de musique, de danse, de combat, de philosophie… Il est prêt à tout pour parvenir à entrer parmi la haute société, même à verser d’énormes sommes à ses “amis” pourvu qu’ils lui fassent quelques compliments. C’est notamment le cas du comte Dorante qui lui extorque ses richesses pour séduire la belle et noble Dorimène dont Jourdain est, lui aussi, amoureux. Il va jusqu’à refuser le mariage de sa fille avec l’homme qu’elle aime sous prétexte qu’il n’est pas gentilhomme, donnant lieu à un complot, des quiproquos et beaucoup de rires. Tout ça sous l’œil sceptique et moqueur de sa femme et son entourage.
On est captivé du début à la fin par la revisite toute en couleurs de Valérie Lesort et Christian Hecq. Tous les éléments de la pièce fonctionnent ensemble à la perfection : les costumes farfelus et le choix des acteurs accentuent l’aspect comique et ridicule de M. Jourdain ; la musique, très présente tout au long de la pièce, modernisée elle aussi, ajoute une touche vivante à la pièce en nous emmenant dans les Balkans et les musiciens sont complètement intégrés parmi les acteurs ce qui crée une cohésion chaleureuse et sympathique à voir sur scène ; les décors, très imposants, évoluent avec les personnages durant le déroulement de l’histoire ; les jeux de lumière ajoutent un peu de magie et des atmosphères variées ; etc.. On ressort avec un profond sentiment de joie.

Cette version tournée vers l’aspect comique de la pièce de Molière et Lulli est une vraie réussite à aller voir entre amis ou en famille. Elle fera rire autant les petits que les grands !
Elise DS

Un « Bourgeois » rêveur mais décalé

Christian Hecq et Valérie Lesort dédient, à la Comédie Française, leur imaginaire pour la grande comédie-ballet de Molière : le Bourgeois Gentilhomme.

M.Jourdain poursuit un rêve ambitieux : devenir gentilhomme, « un homme de qualité » comme il le dit lui-même. Cependant, si ce dernier rêve de noblesse, tel un enfant il ne prend pas garde au ridicule. Ainsi, tout le monde se joue de lui : son « ami » le comte Dorante se sert de lui afin de séduire la marquise Dorimène dont M. Jourdain est épris. Ses maîtres également manipulent son ignorance pour qu’il les paye fortement, en particulier le maître de philosophie incarnant le faux-savant que Molière se plaît tant à critiquer dans ses pièces. S’enchainent alors des scènes où toutes les formes de comiques sont présentes.
Christian Hecq et Valérie Lesort s’amusent avec le décor en y ajoutant leur marque de fabrique tel que les marionnettes apportant de la magie dans la mise en scène. Le décor représente la maison de M. Jourdain. Dorures partout, à la fin de la pièce, la scène, majestueuse, brille de mille feux. D’une main de maître, les deux metteurs en scène ont su intégrer au décor leur interprétation. Ainsi, une lourde et grande porte grise et des grillages définissent le fond du décor mais surtout, ils soulignent l’enfermement psychologique dans lequel se trouve M. Jourdain, obnubilé par son rêve. Qui dit mise en scène talentueuse, dit final majestueux. Ici on ne pourrait pas mieux dire : la cérémonie du grand Turc nommant M. Jourdain « Mamamouchi », accompagnée par le rythme enlevé des Balkans, et de costumes tout aussi burlesques que fantastiques se clot sur M. Jourdain (joué excellement par Christian Hecq) qui dans une tristesse sans nom, se rend compte à quel point il s’est ridiculisé. Une fin à couper le souffle.
Le spectacle est un franc succès du fait de la scénographie et des costumes qui nous plongent dans l’univers fantaisiste de M. Jourdain, et du jeu exceptionnel des acteurs qui nous font rire tout au long de la pièce.

Un spectacle magnifique à voir absolument !
Aaron C.

Un spectacle moderne, vivifiant et déjanté

Le Bourgeois gentilhomme de Molière / Comédie Française / Mise en scène V.Lesort & C.Hecq
Le Bourgeois gentilhomme raconte les péripéties de Monsieur Jourdain qui s’est mis en tête de se faire accepter par le petit monde fermé de la noblesse en adoptant sa culture et son langage. Il est tellement pris par son projet qu’il ne perçoit pas l’inutilité de sa démarche, la vacuité de ce qu’on lui enseigne et le dédain dont il est l’objet.
La mise en scène de Valérie Lesort et Christian Hecq donne un coup de fouet à la pièce de Molière en poussant le ridicule à l’extrême. La scène du couronnement est un bon exemple de ce choix puisque les tenues de la cérémonie sont créées à partir d’objets du quotidien détournés. La couronne du bourgeois gentilhomme en forme de cuvette de toilettes et entourée de rouleaux qui se dévident au fur et à mesure de la danse donne matière au ridicule. Même si j’ai trouvé cette scène un peu trop   excentrique, j’ai apprécié le choix de la musique tzigane pour remplacer les compositions de Lully. En effet c’est une musique joyeuse et débridée qui emporte les spectateurs dans un monde parallèle et plein d’imagination.
Autres atouts de cette mise en scène, les décors mobiles et presque entièrement noirs rehaussés par des dorures sur les murs et les costumes qui mettent en valeur le jeu des acteurs – et les marionnettes lumineuses qui se meuvent dans le noir et nous transportent dans un autre univers.
Une pièce vraiment agréable : des choix de mise en scène et les habits des personnages qui surprennent !

Allez voir cette adaptation qui aura le mérite de ne pas vous laisser indifférent.e !
Lila K.